Il revient et s’installe à coté de moi, m'informe qu'il ne mangera pas. Alors je ne le quitterais pas des yeux. Après tout, on a fait un marché. Il mange, et je le laisse se soigner. Tant pis, s'il ne le respecte pas, moi non plus.

- Mange. Et ne crois pas que je n'ai pas remarqué...

Il tente de cacher une grosse aiguille, mais c'est raté. C'est la première chose que j'ai vu quand il est entré dans la pièce. J'ose à peine imaginer ce qu'il compte faire avec. J'ai mangé la moitié de mon omelette mais ce à quoi je pense me coupe l’appétit... C'est peut être pour ça qu'il ne veux pas manger. Mais peut importe, il doit reprendre des forces. J'attend un peu, et s'il ne veut vraiment pas manger, je le ferais chier jusqu'à ce qu'il accepte. Ou peut être qu'il me connait assez pour savoir que ça finirait par m'énerver. En plus, j'imagine qu'il ne veut pas me faire de peine...

- Aller, ou notre marché ne compte plus~

Devoir faire du chantage de la sorte me tu, j'ai vraiment pas envie que ça continu. Je regarde son assiette en soupirant. En plus du fait qu'il ne la trouve pas bonne, elle va finir par être froide. Il ferait mieux de se dépêcher.

Il a finit son assiette, comme quoi, j'ai un peu d'autorité sur lui. Il me la montre , ça me fait presque rire.

- Oui...

Mais la suite beaucoup moins. Il se lève et va dans la cuisine pour en revenir et me bander les yeux avec un torchon. La, je ne souris plus du tout. La confiance règne. Je le laisse tout de même faire sans rien dire, mais cela me vexe un peu quand même. Beaucoup en faite.
Il n'y a plus un bruit dans la pièce, juste celui de ces manipulations, celui de l'acide qui lui brûle la peau et de l'aiguille qui la perce. J'imagine qu'il souffre tellement qu'il ne les entends pas, ces bruits.
Je sens sa main serrer la mienne petit à petit, je n'aime pas rien voir. Tout cela me rend nerveux, je ne sais pas trop bien pourquoi, et je me met trembler un peu, avoir des sueurs froides et un mal de tête pas possible. Mon cœur bat très fort. J'en souffre pour lui. Je décide de lâcher sa main, je veux sortir de la pièce tout de suite. J'ai une maîtrise parfaite des lieux, et atteins ma chambre sans problème. Je retire ce bandeau ridicule et le jette au sol. Ma main recouvre ma bouche, je tousse encore et encore, sans pouvoir m’arrêter. Je comprends mieux...

J'ai finalement bien fais de rejoindre ma chambre. D'une, j'avais du mal à supporter ce qui se passait à quelque centimètres de moi, même sans voir, et de deux, je suis maintenant en train de cracher du sang. J'ai couru jusque dans les toilettes et me suis enfermé dans celle-ci. S'il me demande pourquoi, je n'aurais qu'a prétexter des vomissements. Au moins, le sang que je recrache ne sera visible nul part, je n'aurais plus qu'à tirer la chasse d'eau. C'est déjà ça de gagner. Le seul problème, c'est que pour prétexter des vomissements, il faudrait que j’arrête de tousser, ce qui est presque impossible. Presque, car au bout de cinq-dix minutes, je parviens à me calmer. Foutu maladie. J'essuie mes mains et sors enfin de cet endroit. Il est toujours en train de se recoudre et n'a rien remarqué je crois, tant mieux. Je retourne dans ma chambre et nettoie les quelques gouttes de sang par ci par la.
Tout est propre après quelques secondes, ou du moins en surface.
J'ai une terrible envie de le rejoindre, mais je sais que si je le fais, il ne me le pardonnerais pas, ou du moins, pas si je n'ai pas mon "bandeau".
Je remets le torchon autour de mes yeux, force pour sourire et retourne à ses cotés. Je m'assois au même endroit que j'étais et j'attend.

Au début, je l'entend grincer des dents, et ce, pendant un petit moment qui m'a paru une éternité. Puis plus rien. Plus un bruit. J'ai l'impression d'entendre l'acide se répandre sur son corps, je ne l'entend plus bouger. Je voudrais savoir ce qu'il se passe, mais je lui ai promis de ne pas regarder.
Je me gratte la nuque, cela fait au moins cinq minutes qu'il n'y a plus un bruit.
Ma main hésite à me l'enlever de la tête, je soupire et le garde finalement, ce vieux torchon qui m’empêche de voir. Je suis inquiet, je ne comprend pas pourquoi il ne se passe plus rien, ça m'énerve.

- Jeff..? Tu fais quoi? ...

Je n'ai pas de réponse, je suis à deux doigts de retirer mon bandeau quand je l'entend à nouveau bouger. Un peu comme s'l venait de se réveiller, après une longue nuit de sommeil au moins. Je croise mes bras et attend un peu avant de lui re parler.

- C'est vraiment pas drôle. Tu pourrais me répondre...

C'est alors que je me demande s'il n'a pas perdu conscience. C'est tout à fait possible. De plus, ça expliquerait et le fait qu'il ne m'ait pas répondu, et le fait qu'il n'y avait plus un bruits.