Un hasard et un bon sens de l'orientation ~ [PV Kenan MacAlister]

Misaka marchait d'un pas lent, le bas de son pull se soulevant légèrement à cause du vent. Malgré le froid qui régnait dans la cour, elle se sentait bien, assez protégée de la température par ses collants en laine noire et son pull décolleté blanc. Même en short, elle n'était jamais affectée par le froid.
Elle regardait autour d'elle, une expression de sérénité visiblement gravée sur son visage. Ses mouvements étaient calculés et parfaits : Aucun déséquilibre au niveau de ses talons, qui étaient pourtant très hauts comme à son habitude. Le sol était irrégulier, mais elle était très agile, et elle savait qu'elle pourrait courir un marathon sans être gênée une secondes.
Même les mouvements de sa tête étaient lents, posés. Elle regardait les deux bâtiments qui lui faisaient face : L'un pour les Alpha, l'autre pour les Bêta. Misaka ne savait pas les reconnaître. A force de chercher, elle avait même oublié où elle voulait aller. Elle s'arrêta de marcher -en vérité, elle tournait plutôt en rond- et se mit à rire, très légèrement et discrètement. Parfois, ça la faisait rire. Peu de gens savaient qu'en réalité, elle ne patrouillait pas comme elle le laissait croire, elle cherchait juste désespérément son chemin, et ce qu'elle voulait faire. Sa mémoire à long terme était irréprochable. Elle connaissait presque tous les dossiers de ses lycéens, et elle se rappelait de tout ce qu'elle avait pu étudier, pendant toute sa vie. Mais se rappeler ce qu'elle avait fait la veille, ou ce qu'elle s'apprêtait à faire avant de se perdre lamentablement, impossible.
Un corbeau se posa sur son épaule, près de son cou. Une de ses serres griffait le cou de la jeune femme, ce pourquoi elle lui lança un regard assassin qui eut l'effet escompté, puisqu'il se décala légèrement avant de coller sa tête contre le menton de Misaka. Les oiseaux l'adoraient, et ils essayaient de lui tenir compagnie. Ils ne pouvaient pas l'aider, puisqu'elle ne les comprenait pas sous sa forme humaine -et l'idée de prendre sa forme d'hybride lui paraissait absurde- et qu'ils ne savaient pas plus qu'elle où elle avait l'intention d'aller.
En attendant, elle regarda ses bâtiments, et le calme qui régnait. Son regard était empreint de fierté, chose qui n'arrivait que lorsqu'elle se pensait à l'abri de tous les regards.

Musique allumée, casque branché, c'est ainsi que Kenan à l'habitude d'arriver au lycée. Il avait séché une heure au paravent à cause d'un imprévu de dernière minute. Le démon arrivait donc tranquillement, les mains dans les poches, une sucette en bouche. Cela faisait au moins une demie heure qu'il déambulait dehors, zigzaguant dans les ruelles Béta, avant d'arriver dans l'enceinte du lycée. Apercevant quelques connaissances, il adressa un petit signe de la main qu'il avait spécialement sortie de sa poche, avec en prime, un léger sourire.
Les yeux fixés sur son téléphone, son pouce ne cessait de pianoter sur le clavier tactile, changeant entre deux messages, la musique. Il entra dans le hall et se dirigea vers l'administrations pour y récupérer un billet de retard ou d'absence, selon l'humeur du surveillant s'y trouvant. En chemin, il s’arrêtât devant le tableau des professeurs absents avant de réaliser que l'heure passé n'avait pas eu lieu car le professeur était en réunion, et, la bonne nouvelle était qu'il devait l'avoir deux heures ce matin, ce qui lui laissait une heure devant lui. Que faire? Sa main libre dégagea quelques cheveux de son visage avant de remettre correctement ses lunettes en place. Un soupire lui échappa puis il sortit prendre l'air.
Kenan alla s’asseoir sur un banc, la tête penchée en arrière pour observer le ciel lorsqu'il aperçu un étrange corbeau voler au dessus de lui. En se redressant, il regarda un court instant le corbeau se poser sur la directrice avant de répondre à nouveau à un message. L'étudiant se leva et jeta le bâton de sa sucette à la poubelle avant d'en reprendre une nouvelle au gout coca cola. Après avoir jeté l'emballage de celle-ci, il s’avança vers la jeune femme tout en fixant l'animal. Une main glissa à nouveau dans sa poche puis il articula ces quelques mots :

- Excusez moi, vous savez à quelle heure ça sonne précisément?

Il avait le sourire aux lèvres car il remarquait qu'elle ne savait pas très bien quoi faire et qu'elle semblait désorientée. Quand à son emplois du temps, il lui fallait des horaires précis afin d'envisager quelques passe temps était réalisables.
Poliment, Kenan retira son casque afin de mieux l'entendre. Encore une fois, il poussa quelques une de ses mèches de cheveux tombant devant ses yeux qu'il n'avait pas eu le temps de coiffer ce matin. Son regard se porta vers la directrice, droit dans ses yeux. Il se demandait ce qu'elle aurait fait de lui, si elle avait par un quelconque moyen, su qui il était réellement. Puis d'autres questions lui traversaient la tête, elle qui paraissait si jeune, comment pouvait-elle être directrice? Il gratta sa nuque en attendant une réponse de la part de sa "supérieure" dans cette enceinte.

(Trop la flemme de faire mieux, je m'endors à moitié~)

La jeune femme le regarda, surprise d'être sortie de ses pensées. D'habitude, peu de gens se baladaient dans la cour à ces heures, et ils ne lui parlaient pas. Elle sourit gentiment avant de répondre :

- A 11h35. Tu n'as pas cours, jeune homme ?

Son sourire s'accentua imperceptiblement. Appeler ses étudiants comme ça l'amusait toujours, vu la différence d'âge qui les séparait. D'ailleurs, elle était nettement plus petite que lui, même avec ses talons. Elle regarda le casque autour du cou du jeune homme : elle appréciait qu'il l'ai enlevé pour lui parler. Son attitude désinvolte lui laissait penser qu'il ne devait pas le faire tout le temps.
Le corbeau sur son épaule regarda le jeune homme et alla se poser sur sa tête, comme si le fait que Misaka lui parle signifie qu'il était inoffensif. Elle fronça légèrement les sourcils, ce qui fit descendre l'animal de son perchoir chevelu; elle réprima un soupir. Elle regarda son interlocuteur dans les yeux : Il avait une drôle d'attitude, ce qui signifiait un drôle de caractère. Elle ne savait pas quel était son nom, sûrement faisait il partie de ceux qui évitent de se faire remarquer, sans pour autant être discrets. C'était cette catégorie d'élèves à laquelle elle avait rarement affaire, et qui l'intriguait d'ailleurs.
Elle détourna la tête un instant, regardant les bâtiments. Tout semblait calme, elle prévoyait de faire un petit tour dans les couloirs avant de rejoindre son bureau. Si elle savait où il se trouvait. Ca lui semblait logique qu'il ne soit dans aucun des deux bâtiments, mais plutôt rattaché d'une façon ou d'une autre au hall.

(Peux pas faire plus, scuse moi)

Une liste de choses réalisable se créa dans la tête du démon. Rien ne lui convenait vraiment mais il ne pouvait faire autrement. Il regarda l'heure précise sur son téléphone avant de fixer son regard dans celui de son interlocutrice.

- Merci. Hm... Non, mon professeur est absent ce matin.

Il en avait l'air ravi plus qu'autre chose jusqu'à ce que le corbeau se pose sur sa tête. Kenan ne bougea pas, il regardait en l'air simplement. Cela ne le dérangeait pas, après tout, il avait connu bien pire comme situations~
Son téléphone sonna juste après que le corbeau s'eut envolé. Il amena le téléphone devant son torse et baissa la tête pour lire le message. Son sourire avait complètement disparut et ses sourcils se froncèrent légèrement. Il resta immobile quelques instant, sans aucune expression puis émergea de ses pensées. Sa main gratta sa nuque, agacé. Le démon regarda autour de lui, tout les élèves parler ensemble, mais toujours éloignés, les Betas d'un coté, les Alphas de l'autre. Peut être que cela changerait un jour. Quoi qu'il en soit, pour que tout aille au mieux, il devait rentrer régler une affaire importante. Le problème était que la Principale savait qu'il était la, et que s'il partait, il y aurait de grande chance pour qu'une excuse comme "j'étais malade" ne marche pas.
Il soupira à nouveau, recula de quelque pas et s'assit sur le même banc que tout à l'heure. Kenan posa son sac à coté de lui, l'ouvrit et en sortit quelques feuilles, un crayon et une gomme. Son poignet commença à tracer des droites, puis des cercles. Quelques coûts de crayon à droite puis à gauche, et son dessin commençait à ressembler à quelque chose.
C'était la directrice, avec son corbeau sur son épaule qui apparaissait peu à peu sur la feuille. Il secoua la tête, chiffonna la feuille et la jeta à la poubelle. Il n'y à que très peu de ses dessins qui le satisfassent. Et que très rarement, il arrive à finir ses oeuvres.
Sur une nouvelle feuille, il écrivit une liste de chiffre dont seul lui comprenait la signification. Il avait l'habitude de rédiger des plans ainsi, car personne n'avait jamais comprit sa logique jusqu'à présent.
Une fois la feuille remplit, il regarda ou en était la directrice, en rigolant légèrement.
Pour une personne qui est maître d'un établissement, ne pas le connaitre mène à se poser des questions.

Misaka se mit à observer le jeune homme, le détaillant sans aucune discrétion. C'était très malpoli, mais c'était là tout l'intérêt de ne plus vivre avec des Alphas : L'éducation était moins importante. Certaines bonnes manières ne lui plaisaient pas, et ne pas dévisager les inconnus en faisait partie. Elle finit par regarder ce qu'il faisait, son dessin puis sa suite de chiffre. Elle n'avait pas l'air très curieuse ni très intéressée, son regard était neutre, on aurait pu croire qu'elle regardait seulement, sans lire. C'était un de ses talents : faire semblant d'être indifférente à tout ce qui l'entourait. C'était impossible à déceler.
Elle se demanda ce à quoi correspondait ces chiffres; Rien de ce qu'elle avait étudié visiblement, puisque ça ne lui inspirait aucun théorème apparent. Mais après tout, elle se dit que ça ne la regardait pas et que le questionner sur le sujet ne lui apporterait rien. Il n'avait pas l'air du genre à se confier. Elle était même surprise qu'il lui aie parlé.
Elle se remit à regarder les bâtiments, en murmurant pour elle même : " Un beau jour, j'en peindrait un à pois et l'autre à rayure, et on pourra les reconnaître."
Elle se parlait souvent à elle même, par habitude d'être seule. Elle espérait que le jeune homme ne l'avait pas entendue : De toute façon, elle se rendait compte qu'il savait qu'elle était perdue.
Elle réfléchit à ce qu'elle devait faire : Quelque part dans ce lycée se trouvait son bureau, et quelque part dans ce bureau il y avait une pile presque aussi grande qu'elle, qui ne cessait de grandir -et qui menaçait de tomber d'ailleurs- qui représentait la paperasse qu'elle avait à faire. Ces papiers l'ennuyaient, lui prenaient du temps, mais c'était indispensable. Tous ne voyaient pas son lycée d'un bon oeil -particulièrement les Alphas- et elle ne pouvait pas se permettre un faux pas. Elle laissa échapper un léger soupir, en se rendant compte du temps qu'elle allait mettre. En plus, elle avait beaucoup de mal à se concentrer sur ses papiers le jour, il allait falloir qu'elle s'y mette sérieusement la nuit pour être dans les temps. Encore faudrait-il qu'elle retrouve son bureau avant la nuit. Quelqu'un de normal aurait pensé qu'une journée suffirait largement puisque les bâtiments n'étaient pas non plus immenses, mais elle n'arrivait pas à repérer par quel endroit elle était déjà passée, donc toute recherche était vaine, mieux valait pour elle compter sur la chance.

Pliée, rangée dans son portefeuille, la suite de chiffre venait de disparaître. Kenan ferma les yeux un court instant, mais un instant de soulagement. Les nuits étaient longues pour cet "étudiant" et ses heures de sommeil par semaine se comptaient sur les doigts de la main. Ses paupières, aussi lourdes soient-elles, n'avaient pas le droit de rester fermer plus longtemps, les responsabilités endossées, le démon ne pouvait plus faire marche arrière. Ainsi, c'est difficilement qu'elles se rouvrirent en même temps, plus longues encore que la veille. Il bailla sans vraiment s'en rendre compte, balançant sa main vers sa bouche, puis la laissant retomber pour se heurter contre sa cuisse. Celle-ci glissa jusqu'à sa poche et en sortit son téléphone, sur lequel il pianota de nouveau. La musique arrêta de raisonner dans son casque et d'un seul coup, Kenan était debout, ses bras et ses jambes l'avaient propulsés devant lui et sa main attrapait déjà son sac qui, avec de l'élan, fut envoyé sur son dos, provoquant un deuxième réveille pour le garçon.
Sa bouche s'ouvrit une fois de plus, il ballait encore. Quelques pas suffirent pour arriver devant la jeune directrice, une main rangée au fond de sa poche, il prit la parole.

- Je crains que même colorés, vous ne confondiez toujours les deux bâtiments. Estimez vous heureuse de posséder un internat se situant un peu plus loin, ou vos chance de trouver votre bureau diminueraient encore d'avantage.

Aucune moqueries ne sortaient de sa bouche, il était calme et détendu, il semblait presque oublié qu'il s'adressait à la principale de l'établissement. Sa main gratta son bras gauche, réajusta la bretelle de son sac à dos puis jeta en arrière quelques mèches de ses cheveux. Enfin, son bras désigna un des deux bâtiments, le pointant du doigt.

- C'est dans celui-ci que se trouve l'administration.. Et donc votre bureau...

A peine une seconde après ses quelques mots, il réalisa à qui il venait de s'adresser. Surtout, de quelle façon il l'avait fait. Une, ou même deux heures de colle ne l'aiderait pas et il appréhendait la réponse de sa "supérieure". Un petit soupire sortit discrètement d'entre ses lèvres puis il fixa la jeune femme dans les yeux.

Misaka changea d'expression, presque imperceptiblement. S'il y avait bien une chose qu'elle ne supportait pas, c'est qu'on la prenne de haut. Elle s'était tellement battue pour arriver où elle était que se faire rabaisser par un étudiant méprisant lui donnait seulement envie de commettre un meurtre. Au lieu de céder à l’envie qui la gagnait, elle sourit.

- Puisque tu n’as rien à faire, tu m’y conduiras.

Son ton gardait une apparence sympathique, mais il était clair qu’aucune objection n’était permise. En le fixant elle aussi dans les yeux, elle tendit sa main.

- Et j’aimerais voir ton carnet également ~

Elle gardait son air gentil. Elle se retenait fortement de le coller, mais ce n’était pas son genre. Elle aurait pu, le manque de respect étant un motif recevable, mais elle n’aimait pas se montrer … Vieille et orgueilleuse. Par contre, si l’expression « prendre en grippe » avait été inventé, c’était sans aucun doute pour cette situation. Elle ne doutait pas qu’il soit intelligent, mais son intelligence lui avait fait défaut : Même si elle n’était pas vraiment dangereuse en réalité, en faire son ennemie au sein de son propre lycée était plutôt stupide. Et même s’il n’avait pas quelques heures de colle maintenant, le moindre faux pas de sa part serait sanctionné. Sa belle liberté s’était envolée en vexant la jeune femme.

Pardon, pas d'inspiration ~

Kenan rigola intérieurement. Un sourire en coin apparaissait à la commissure de ses lèvres, son regard se posa sur son téléphone et son doigt le verrouilla. Il avait à nouveau regardé l'heure. Le téléphone rejoignit sa poche tandis que son sac bascula sur le torse de l’étudiant. Il entrouvrit très légèrement son sac à dos et y passa sa main qui donna des coups dans tous les cahiers. Enfin, il en ressortit son carnet de correspondance, la couverture un peu abîmée. Après l'avoir placé sous son bras, il remonta doucement la fermeture de son sac qui rejoignit son dos. Le démon récupéra son carnet, en sortit une lettre qu'il plia et rangea dans sa poche avant de le tendre à la directrice.

- Je n'y vois aucun problèmes. Le voici~

Il avait deviné que ce qu'il avait dit auparavant avait plus ou moins vexé la jeune femme. Il s'en amusait un peu, se demandant comment il avait fait. Rien de ce qu'il avait dit était vraiment méchant. Juste réaliste. C'est alors que l'expression "Il n'y a que la vérité qui blesse" lui revint en mémoire. Il soupira en murmurant: C'est vrai...
Puis son téléphona vibra une fois, puis deux et ainsi de suite. Son regard se tourna vers sa poche et à nouveau vers la directrice. Il hésitait à regarder car tant de messages signifiait forcement qu'il se passait quelque chose d'important. Quoi qu'il en soit, Kenan resta calme, bloquant son regard sur le carnet qui pendait au bout de ses doigts, perdu dans ses pensés.

- Vous voulez en faire quoi? Me coller?

Il est vrai que ça ne l'arrangerait pas vraiment d'être collé. D'autant plus que ce qu'il avait dit ne lui valait vraiment cet "honneur".

Je sais pas quoi rajouter... C'est trop court!!! xD

La jeune femme sourit. Elle en avait envie, mais ce n'était pas dans sa nature. Mettre la moindre sanction lui coûtait un effort -en plus de celui d'avouer que les paroles avaient un impact sur elle-. Alors la plupart du temps, elle se débrouillait pour y échapper. Un avantage à être principale, à son sens, était de pouvoir laisser certaines taches ingrates aux autres. Faute de pouvoir déléguer la paperasse, elle s'occupait peu de la discipline.
Peu ... A quelques exceptions près.
Elle se saisit du carnet avec flegme, et l'observa. Elle mémorisa en un instant son contenu : Nom, prénom, classe, emploi du temps. Fatalement, il faisait désormais partie des exceptions. Les étudiants sur liste rouge, en quelque sorte. Ceux de qui le moindre écart de conduite, la moindre absence, la moindre parole de travers lui était rapporté.
Sous surveillance toute la journée. Elle prêterait attention à ce qu'il assiste à TOUS ses cours et qu'il ne s'écarte pas d'un pas du droit chemin, ou elle lui tomberait dessus avec un grand sourire de revanche.

Constatant qu'il lui avait posé une question, elle se décida à répondre, en lui tendant à nouveau le carnet.

- Rien. Tu n'as rien fait de mal, si ?

Elle lui adressa un sourire, qui ne laissait aucun doute sur sa signification : "Je te laisse cette bataille, mais tu ne gagneras pas la guerre".
Une petite étincelle presque imperceptible de défi brillait dans ses yeux glacés. Au fond d'elle -et bien caché, puisqu'elle ne se l'avouait même pas-, parfois, ça ne lui déplaisait pas qu'on lui tienne tête. Ça changeait un peu, une conversation qui n'était pas à sens unique, et où son interlocuteur donnait son point de vue. Et même si c'était pour lui lancer des piques, tant pis : Elle aurait le loisir de prendre sa revanche plus tard.

Moi aussi mais bon .... On dira que c'est pas grave !

Un geste de la main à un autre étudiant pour lui répondre, et sa main se retrouva dans sa poche, compressée avec le téléphone. L'envie de l'en sortir devenait terrible, insupportable même. Peut-être y avait-il un problème, une urgence, n’importe quoi mais cette fois, il ne pouvait trouver aucune échappatoire, rien. Alors il tendit fébrilement son bras pour récupérer son carnet, la gorge nouée, des messages arrivaient encore par dizaine. La directrice s'adressa à lui, ce qui le ramena sur terre :

- Non, bien sur... Je fais ce que je peux pour éviter le mal, mais il arrive que des choix ne soient pas forcément les bons... Pas vrai?

Voila, il s'était perdu dans ses pensées une fois de plus. C’était dans ces moments qu'il lui était déconseillé de parler, ou il pouvait dire n'importe quoi. C'était également affligeant de le voir dans la lune lors d'un moment pareil. Néanmoins, la directrice ne pouvait se douter que sa mémoire lui revenait de temps à autre par flash-back, et que s'en était aujourd'hui le cas.
Son sac se balança de nouveau pour se heurter contre sa poitrine, le regard un peu dans le vide, ses mains s'agitaient déjà pour entrer de nouveaux le carnet dedans. L'ouvrir, lui trouver une place puis le refermer pour enfin l'envoyer sur son dos, c'était fait. Kenan secoua légèrement sa tête comme pour se vider de toutes ses pensées puis se redressa, face à la directrice en lui souriant.

- Je vous montre le chemin?

Sa main réajusta le casque atour de son cou, avant de replacer la bretelle de son sac. Puis il se tourna vers le bâtiment ou se trouvait le bureau de la direction, inclinant doucement sa tête vers la jeune femme, un léger sourire toujours descriptible à la commissure de ses lèvres. Il ne la regardait pas, ses yeux voyageait autour d'elle, regardant encore les élèves, toujours séparer mais quand même ensemble, dans le même espace. Le démon trouvait l'action de la directrice remarquable. Ouvrir un lycée pour tous, créer la paix pacifiquement. Il avait déjà essayer de la sorte, mais rien n'avait marché. Et une fois de plus, son regard s'encra dans celui de son interlocutrice, attendant sa réponse.

Elle soutint son regard sans mal. Il était plutôt étrange ... Il semblait dans ses pensées, à poser des questions sans vouloir de réponses, toujours en train de réfléchir au moindre mot et la moindre chose qu'il voyait.
Elle jeta un oeil rapide vers ce qu'il regardait depuis un moment : Des groupes. Elle laissa échapper un soupire discret, ennuyée. Décidément, elle n'arrivait pas à grand chose; Certes elle ne pouvait rien de plus, mais elle avait du mal à l'accepter.

Son regard se reposa sur le jeune homme, le détaillant. Chacun de ses mouvements semblait automatique, il avait l'air ailleurs, encore. Elle avait remarqué ce côté rêveur, récurrent chez les bétas : Peut être qu'ils avaient un peu plus de vécu -et d'ailleurs, ils avaient l'orgueil qui correspondait-. Ils étaient souvent perdus dans leurs souvenirs, et Kenan semblait le parfait exemple.

Elle se remit à sourire un peu plus sincèrement quand il lui proposa son aide : Il ne l'avait sans doute pas écoutée quand elle le lui avait demandé. Quoi qu'il en soit, elle comptait bien accepter. Ça éviterait qu'elle passe la journée en vadrouille.

- J'aimerais, oui.

Elle leva brièvement les yeux vers le ciel, et enfila rapidement un gant noir en cuir fin, tandis que le corbeau qui s'était envolé un peu avant, et qui revint se poser sur sa main. Détachant un instant son attention du jeune homme, elle approcha sa main de son visage, laissant l'oiseau frotter sa tête contre sa joue.
Dans son lycée, elle ne se refusait jamais des moments comme ça. Après tout, la plupart des étudiants pensaient qu'elle s'entendait seulement bien avec les oiseaux. Peu d'entre eux savaient que les hybrides existaient encore, et ceux là ne s'imaginaient pas qu'elle pourrait en être une.

A force, les vibrations émient par le téléphone avaient eu raison de Kenan. Le jeune démon ne put s’empêcher de sortir son téléphone pour regarder de quoi il s'agissait. Discrètement, alors que la directrice était occupée avec son volatile, et après avoir déverrouillé l'écran, s'affichait vingt-trois messages et six appels. Il prit une grande inspiration et un nouvel appel était reçut. Il jeta un coup d'oeil vers la jeune femme avant de s'écarter un peu.

- Excusez moi.... Il amena le téléphone à son oreille et décrocha. Qu'est ce qu'il se passe?

Un long silence s'en suivit, interminable. Kenan ne bougeait plus, comme figé, le regard dans le vague. Puis il secoua la tête, fermant et ouvrant plusieurs fois et rapidement ses yeux. Sa main libre passa sur son visage, il reprit ses esprits. Calmement, il chuchota quelques mots dans son téléphone avant de rajouter qu'il s'en occuperait mieux ce soir, qu'il était désolé de ne rien pouvoir faire de plus, et il raccrocha.Le démon resta encore quelques secondes à réfléchir avant de se tourner à nouveau vers la directrice. Il rangea son téléphone au fond de sa poche puis s’avança vers elle. Il espérait qu'elle ne l'ait remarqué, mais le téléphone devait surement être accepté à l’extérieure du bâtiment. Alors il le regarda et lui adressa encore la parole.

- Vous me suivez?

Il regarda l'oiseau, aussi noir que les cheveux de la jeune femme. C'était plutôt... Étonnant d'ailleurs. Il se posa quelques questions dont-il n'aurait surement jamais de réponses, puis repensa à l'appel qu'il avait reçu. Kenan s'était mit en route et marchait devant la directrice, tournant la tête pour observer si celle-ci le suivait. Apparemment, si elle avait le droit de "jouer" avec des animaux, il n'y avait aucune raisons pour que les élèves ne puissent "jouer" avec leur téléphones en dehors du bâtiment. Le garçon marchait puis s’arrêta devant le bâtiment ou se trouvait le bureau de la directrice.

- C'est ici... Vous avez besoin que je vous mène dans votre bureau ou vous trouverez le chemin?

Les mains de Kenan se rangèrent dans les poches de son jean noir, observant la directrice.

La directrice eu beaucoup de mal à contrôler son mécontentement -bien qu'elle y parvint, et plutôt bien-. Il y avait une immense différence entre "accepter les téléphones portables" et "répondre à son téléphone sous son nez". D'ailleurs, elle trouvait ça affreusement malpoli, que la discussion la concerne ou pas. Elle laissa échapper un soupir en se disant qu'elle repenserait à l'interdiction à propos des portables. Ça semblait couper tout dialogue, ce qui était loin d'être le but de son lycée.
Elle lui adressa un regard froid lorsqu'il lui demanda si elle trouverait le chemin. Elle se rappela à ce moment les paroles de ses parents, longtemps auparavant : "si on ne t'accorde pas de respect, n'en accorde pas". Elle décida de suivre ces sages paroles -peut être les plus sensées- en le regardant brièvement de haut, avant de déclarer :

- Je retrouverais parfaitement.

Elle rentra dans le bâtiment rapidement : Elle était très douée pour simuler qu'elle savait exactement ce qu'elle faisait. Et puis, elle n'avait pas envie qu'il l'accompagne longtemps : elle n'aimait pas sa façon de se comporter, décidément ça ne correspondait pas à sa vision des bonnes manières.
Elle s'arrêta peu après : Le bâtiment contenait de nombreux bureaux, du moins de nombreuses portes. C'était aussi pour ça qu'elle préférait rejoindre son bureau de nuit : au moins, elle pouvait ouvrir toutes les portes jusqu'à reconnaître le tas de papiers colorés selon l'urgence qui trônait dans son bureau. Elle soupira un peu : ça devenait une habitude; décidément, elle ne passait pas une excellente journée.

La voyant partir, il secoua négativement la tête. C'était clair, elle n'avait pas apprécié le coup du téléphone. Mais pouvait-il lui avouer pourquoi il avait eu besoin de décrocher? La directrice était-elle digne de confiance ou alors, le dénoncerait-elle? Il ne pouvait en avoir aucune certitude. Puis, si jamais il devait en venir à lui avouer son véritable rôle dans sa cité, peut-être que la directrice prendrait son argument comme étant une blague. Du moins, cela pouvait toujours être une issue de secours.
Dans tout les cas, il pouvait essayer, bien que le fait d'avouer ce genre de chose lui était normalement interdit. Alors il s’avança vers la porte d'un pas décidé, mais se stoppa dans son élan. La façon dont elle avait répondu et dont elle était partie ne lui donnait pas envie de la retrouver, et sans doute, ne voulait-elle pas le revoir. Alors il fit demi tour et alla s'asseoir sur un banc. Le bon coté des choses, c'est qu'il pouvait à présent répondre à ces messages. Après dix minute, ses doigts fatigués de pianoter venaient de ranger son téléphone dans sa poche. Il regardait à présent la porte, se demandant si le directrice avait trouvé son bureau, ce qui l'aurait étonné. Kenan se leva, marchant d'un pas hésitant, il se décida à entrer dans le bâtiment pour la retrouver. Il ne savait pas encore comment s'excuser ni comment lui avouer, mais il se devait d'essayer. Il était vrai que les couloirs se ressemblaient et que se perdre n'était pas inévitable. Mais de là à se perdre dans son propre lycée, le démon ne comprenait pas comment c'était possible.
Il enclenchait toutes les portes, jetait un oeil en long et en travers de la pièce pour enfin la refermer et continuer ses recherches. Ou s'était-elle perdue cette fois?
Kenan suivait les couloirs, espérant simplement ne pas la louper à un croisement.

Misaka était assise au bout d'un couloir depuis un bout de temps : Elle ne semblait pas inquiète, ni vraiment ennuyée. L'avantage des cul de sac, non négligeable selon elle, était de pouvoir s'adosser contre le mur, avoir un peu de place devant soi, et devenir totalement invisible dés qu'une des portes de chaque côté du couloir était ouverte. C'était une technique que la jeune directrice avait déjà souvent utilisé, puisqu'elle appréciait le fait qu'elle soit sans faille. Dés qu'elle retrouvait le fameux couloir, elle s'y installait et attendait. Ainsi, personne ne la voyait perdue, et dés qu'une des salles à gauche ou à droite du couloir se libérait, elle allait s'y installer, et elle trouvait un prétexte pour qu'un surveillant lui apporte quelques dossiers, prétextant n'importe quoi, qu'elle avait besoin de la salle car elle contenait des informations qui lui étaient nécessaires ... Bref, elle était inventive.
Pour l'instant, elle était encore dans la phase d'attente. Elle avait installé devant elle des cartes et faisait un solitaire. Puisqu'elle était toute chétive, elle avait largement la place de jouer sans risquer de se prendre une porte en pleine face.

Certains l'auraient jugée orgueilleuse. Elle même ne leur aurait pas donné tort. Elle n'était pas méchante, mais elle avait un caractère spécial, était très susceptible et tenait beaucoup à l'image qu'elle renvoyait.
Et oui, une éducation d'Alpha, même pour quelqu'un qui souhaitait s'en détacher, ça ne se perdait pas comme ça, à son grand regret.
Elle avait bien l'intention de rester là, et continua de jouer aux cartes, assise en tailleur, ce qui lui donnait un peu l'air d'une enfant.

Droite ou gauche? Kenan avait décider d'emprunter dans un premier temps tout les couloirs allant à gauche. Ainsi, en faisant marche arrière, il savait quels avaient été les allées ou il avait déjà vérifié. Enfin, après être revenu au point de départ, il recommença en empruntant les couloirs de droite. La marche n'en finissait plus. Malgré tout, le démon continuait ses recherches sans vraiment de raisons, juste une envie de s'excuser auprès de la directrice.
Il s'était retrouvé dans les couloirs de cours et avait quitté la section concernant l'administration. Après tout, si la directrice arrivait à se perdre, elle pouvait être n'importe ou. Alors qu'il déambulait dans certain des couloirs les plus étroits du lycée, une porte s'ouvrit et un élève en sortit énervé, il avait été expulsé de cours. Son sac à moitié sur le dos, l'air glacial, il claqua la porte derrière lui avant de bousculer Kenan pour s'en aller. L'avantage de cette bousculade, c'était qu'elle avait permit à Kenan d’apercevoir au fond du couleur, la jeune femme assise dans un coin. Elle ne semblait pas avoir remarqué la sortie de classe d'un de ses élèves et donc, sa propre présence. Il s'avance doucement et sans bruits. Arrivé devant elle, il s'accroupit, tenant sur la pointe des pieds tout en regardant le jeu de carte disposé sur le sol.

- Je suis désolé.

Il ne savait pas exactement comment lui dire le reste. Il fallait que cela semble vrai tout en pouvant le tourner en blagues si elle ne le croyait pas. Habituellement, il y aurait réfléchit avant d'être face à elle, mais exceptionnellement, ce n'était pas le cas.
Il regardait toutes le cartes, la façon dont elles étaient placés sur le sol, c'était un solitaire. Il est vrai que ce jeu représentait bien et en tout point la directrice selon l'étudiant.

L'ouverture de la porte fit sursauter la jeune femme, mais pas relever la tête. Elle restait impassible, parce qu'elle ne voulait pas être vue et les mouvements attiraient l'oeil. Ce qui la surprit d'autant plus quand Kenan lui parla, s'étant approché d'elle sans bruit comme un serpent. La surprise s'accentua quand il s'excusa. Sans être médisante, elle ne s'y attendait vraiment pas. Il semblait trop hautain pour avoir ne serait-ce qu'un regret. Elle le regarda une seconde, ses yeux bleus glacés grands ouverts par la surprise. Au bout d'un instant, elle se décida à répondre, avec un sourire.

- C'est rien. Je ne comprends pas bien ton attitude, c'est plutôt ça qui m'irrite.

Elle baissa de nouveau la tête, regardant ses cartes. Elle hésitait sur l'attitude à adopter : Continuer sa partie, lui montrant ainsi qu'elle avait été vexée, ou lui accorder son attention. Malheureusement, et malgré son sale caractère, elle n'était pas rancunière et elle ne put pas faire comme s'il n'était pas là alors qu'il lui avait présenté des excuses. Elle rangea calmement ses cartes en levant les yeux vers lui/

C'est trop court mais je te réponds même si j'en ai marre d'écrire XDD

Un sourire s'afficha sur le visage de l'étudiant. Il semblait déjà plus à l'aise, du fait que la directrice lui ai répondu. Il regardait les cartes que son interlocutrice rangeait, alors qu'elle n'avait pas finis sa partie. Puis, vint le moment ou il allait devoir, non par obligation mais par choix, il avouer sa véritable occupation, caché par son rôle d’élève.

- Je tenais à vous expliquez la raison, ou du moins, l'importance de répondre à l'appel que j'ai reçu tout à l'heure. Vous avez surement vu mon nom sur le carnet... Mais cela ne suffi pas.

Une de ses mains passa dans ses cheveux avant de gratter sa nuque. Son regard qui était porté sur les cartes en mouvement, en train d'être rangé, se dirigeât vers le visage de la directrice, observait chaque clignement de ses yeux, haussement de sourcils, sourire ou autres expressions faciales. C'est le coeur battant à toute allure car il trahissait sa propre règle, mais restant calme et d'aspect serein qu'il avoua son secret à la jeune femme.

- Kenan MacAlister, patron du marché noir, enchanté.

C'était fait. Il pouvait enfin être débarrassé d'un poids sur la conscience. Peut-importe de quelle façon elle réagirait, il s'en moquait bien. Son alibi d'étudiant était sans failles. Quand bien même l'envie de divulguer ce qui pourrait paraître être une énormité à la directrice, Kenan se moquait bien du sort qui pourrait lui être réservé.
Le bout de l'un de ses doigts se posa doucement à terre pour le maintenir stable, Un deuxième doigt suivi le premier, puis, toute sa main se retrouvait plaquée contre le sol.

Alors soyons deux à faire court! xD

Les yeux de la directrice s'agrandirent de surprise. Pour une fois, son regard trahissait ses émotions. Elle était étonnée, mais elle le croyait; elle ne voyait pas l'utilité de dire une chose comme ça si ce n'était pas vrai, et ça expliquait pas mal de choses sur son comportement. Si elle avait du imaginer le patron du marché noir, elle l'aurait imaginé à peu près comme le jeune homme qui se tenait en face d'elle -enfin, soyons honnête, en plus vieux-. Elle le fixa dans les yeux, essayant tout de même de déceler un air moqueur, au cas où, avec les étudiants, on n'était jamais sûr de rien. Mais le jeune homme ne semblait pas se moquer. Elle lui répondit alors la chose la plus intelligente qui lui venait, en lui tendant la main :

- Enchantée. Mais ne crois pas que je vais te vouvoyer pour ça.

Elle ne pu retenir un léger rire. C'était un de ses talents, dédramatiser les choses. En réalité, elle se demandait comment il faisait pour tout gérer à la fois, sans montrer un seul signe de fatigue. Elle désapprouvait certaines de ses méthodes, mais elle approuvait beaucoup des autres. En vérité, elle était même plutôt contente de le rencontrer, après avoir tant observé ses actes.

Trop court comme d'hab XD

Kenan regarda la main de la directrice, tendu dans sa direction. Il y répondit en tendant la sienne à son tour, gardant sa deuxième main comme appui sur le sol glacial, pour garder son équilibre. Sa réaction semblait bonne, et le fit même rire.

- Je n'en demande pas tant. Je ne suis qu'un élève ici, et cela paraîtrait étrange en plus.

Le jeune démon, après avoir serré la main de la directrice se releva. Il la regardait toujours et souriait un peu. Elle ne l'avait pas prit pour un menteur, ça lui faisait plaisir. Sa main droite réajusta son casque de musique qui penchait un peu autour de sa nuque puis elle se glissa dans la poche de son jean. L'autre fit la même chose mais ressortit un peu àapres pour encore une fois, virer ses cheveux qui allaient devant ses yeux.

- Je peux vous conduire à votre bureau, peut-être?

Il est vrai qu'il était chargé de le faire avant, mais la directrice était partie avant qu'il n'ai pu dire quoi que ce soit. Maintenant, il pouvait rattraper cette erreur et l'emmener au bon endroit, si bien sur, elle le souhaitait. Alors il se tenait debout, face à elle, la regardant droit dans les yeux en attendant sa réaction. Tout ce qu'il espérait, c'était que la réaction de sa supérieure était sincère, et que ce n'était pas de l'ironie mal jouée. Quoi qu'il en soit, s'il se prenait heure de colle ou autre, il n'irait pas. Mais il était confiant à présent.

J'avais oublié qu'on faisait aussi court par la, sinon j'aurais répondu depuis longtemps xD

Elle regarda le jeune homme un instant, réfléchissant à toutes les options qui s’offraient à elle. D’abord, elle pouvait rejoindre son bureau, ce qui serait rapide avec l’aide de Kenan. Mais elle avait toutes ces choses à faire … Elle avait encore besoin d’un peu de soleil, de tranquillité. Rien qu’elle pouvait avoir dans son bureau, avec tous les classements qu’elle avait à faire, et qui étaient plus qu’urgents : bientôt, ce serait la période des visites médicales, et puisqu’elle avait une confiance TRES limitée en ce qui concernait l’infirmier, un individu très spécial nommé Chess, elle devait vérifier que les dossiers étaient remplis correctement et ne comportaient pas d’incohérences. On ne savait jamais ; l’administration alpha était trop pointilleuse pour qu’elle laisse passer la moindre erreur. Ce serait donc des centaines de dossiers à lire consciencieusement ; peut être qu’il n’y aurait aucune faute, mais elle ne laissait rien au hasard. Trop dangereux. Il était exclu qu’elle fasse confiance à quelqu’un, surtout pas à un alpha bizarre qui fauchait des médicaments et qui de surcroît la prenait pour une idiote en pensant qu’elle ne s’en apercevrait pas. Enfin, de toute façon elle n’avait pas le choix : elle ne pouvait pas se permettre de le perdre, puisqu’elle savait quel mal elle aurait à retrouver quelqu’un avec ses qualifications.
Elle sortit subitement de ses pensées lorsqu’elle se rendit compte qu’elle n’avait pas répondu :

- Malheureusement, oui. On peut passer par dehors ?

Je fais pas plus parce que je m’endors ~

Il avait fallu un petit temps à la directrice pour répondre. Kenan avait remarqué qu'elle s'était perdue dans ses pensés pendant un instant. D'ailleurs, ça l'avait fait sourire. Après sa question, il avait attendu presque une minute pour avoir sa réponse, ce qui parait court, mais est au final très long. La jeune femme avait finalement accepté, en imposant une contrainte si possible.

- Oui, bien-sur.

Il souriait toujours, mais se demandait à présent pourquoi elle avait dit "malheureusement". Était-ce de sa faute, ou tout simplement parce qu'une fois dans son bureau, elle devrait travailler? Quoi qu'il en soit, il n'avait pas à savoir, et n'en ressentait pas le besoin.
C'est alors que son téléphone se mit vibrer sans cesse. Il ne pouvait se permettre de répondre encore, et cela le dérangeait. Néanmoins, il ne laissait rien paraître, et jouait son rôle d'étudiant à merveille.
L directrice étant toujours assise par terre, il lui tendit la main pour l'aider à se relever, en espérant qu'elle ne le prenne pas mal. Peut être qu'elle n'accepterait pas son aide, parce qu'il était élève, ou pour une autre raison. Parce qu'il était le dirigeant des Beta, et elle la directrice du lycée. Et il le savait bien, qu'elle n'était pas de son avis. Certes, ils avaient quelques points communs, et surement plus qu'elle ne pouvait en avoir avec le dirigeant Alpha. Mais si elle avait crée ce lycée c'était pour en faire une zone de paix. Mais la paix dans un monde tel qu'il est aujourd'hui est presque impossible, si ce n'est que pour un petit endroit comme celui-ci.

Misaka regarda la main qu’on lui tendait. Elle hésita à la prendre, mais finit par se dire que c’était une mauvaise idée. Elle pensait qu’il n’avait pas remarqué qu’il ne la touchait pas en lui serrant la main, mais s’il l’aidait à se relever, il remarquerait. Et c’était mieux que personne ne sache qu’il était impossible –ou presque- de la toucher. Elle savait être trop méfiante, mais c’était plus fort qu’elle, elle ne voulait pas faire voir qu’elle était différente.
Elle se releva seule, très stable sur ses talons hauts, en souriant au jeune homme d’un air de dire « ce n’est pas ta faute, et c’était très gentil ». De bonne humeur désormais, elle le regarda dans les yeux.

- Réponds à ton téléphone, je peux rejoindre l’extérieur seule. Mais ne fais pas trop de bruit, tes camarades ont cours.

Son autorisation n’avait rien à voir avec le fait que Kenan soit patron du marché noir ; elle n’avait pas l’intention de faire du favoritisme pour ça, ou très peu. Elle était juste dans de bonnes dispositions, brûlant de curiosité comme une enfant en pensant à ce qu’elle allait apprendre de cette nouvelle personne. Sa journée n’était pas si miteuse, quand elle ne pensait plus à ce qu’elle avait à faire. Elle quitta le couloir, le bruit de ses talons qui claquaient sur le sol résonnant dans cet espace vide. Elle allait dans la bonne direction ; son côté oiseau lui permettait de toujours rejoindre l’extérieur, sans se tromper et par le chemin le plus court.

C'est en la voyant se relever sans aide que Kenan finit par rire discrètement. Elle ne voulait pas de son aide, mais son sourire ne le mettait pas en cause. Il ne comprenait pas trop sur le coup, et laissa tomber. Ce n'était pas important, et il avait d'autres priorités. Elle lui semblait plus adepte à parler maintenant, de meilleure humeur. C'était en quelque sorte rassurant.
Enfin, elle lui annonça qu'il pouvait répondre à son téléphone avant de traverser le couloir pour sortir. Cela l'étonnait, d'autant plus qu'a moins de percevoir les ondes ou quoi que ce soit d'autre, le bruit du vibreur était presque imperceptible.

- .............. Oui ...............

Son regard était alors envahi par de l'incompréhension. Le jeune démon se frotta la tête puis les yeux et finit par répondre à son téléphone, d'abord à quelques messages et ensuite à un appel. Pour se faire, il avait rejoint les toilettes pour pouvoir parler tranquillement. Une fois tout cela fait, ce qui prit 5 bonne minutes, il se rendit en dehors du bâtiment pour retrouver la directrice.
Il allait bientôt sonner, et s'il voulait pouvoir la reconduire avant que tout les élèves ne soient dans les couloirs, il allait falloir se dépêcher.

Misaka avait rejoint l’extérieur en quelques instants. Même sans son instinct, elle entendait les parfaitement les oiseaux et suivait leur bruit ; surtout celui des corbeaux. Elle s’assit sur un banc dans la cour, profitant du beau temps. Avec cette température, elle adorait voler, ce qu’elle ne pouvait pas faire dans la semaine, puisqu’elle travaillait tous les jours et toute la journée. Elle fixait la porte, redoutant le moment où le jeune homme allait en sortir, puisqu’elle retournerait dans ce maudit bureau. Elle pensait à le changer de place d’ailleurs, elle échangerait avec une de ces secrétaires ou employés de l’intendance inutiles qui peuplaient les bureaux d’administrations et qui ne faisaient rien –ou pas grand-chose - de leurs journées puisque la directrice ne déléguait pas ce genre de tâches. Leurs bureaux étaient plus grands et avaient une fenêtre, son rêve. Elle demanderait à Lukas de déménager ses meubles, il accepterait certainement.
Finalement, elle vit Kenan sortir d’une autre porte ; il avait du prendre un plus long chemin qu’elle.

» Kenan MacAlister ~
» Luan E. MacAlister - Démon
» Parasite nocturne [PV Kenan]
» Moi qui pensais que cette journée serait comme les autres... [PV. Kenan]

Un hasard et un bon sens de l'orientation ~ [PV Kenan MacAlister]

Un hasard et un bon sens de l'orientation ~ [PV Kenan MacAlister]

Sujets similaires

Sujets similaires

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée