Parasite nocturne [PV Kenan]

C’était le milieu de la nuit. Impossible pour moi de savoir quelle heure exactement, car je n’ai jamais eu de montre, ce qui me fait un alibi pour ne jamais être à l’heure, la ponctualité n’étant pas mon amie. En cherchant un peu partout dans la maison plutôt vétuste, j’ai quand même réussi à retrouver mon portable : Il était 4 heures. J’avais donc assez de sommeil, vu que j’avais dormi mes 3 heures quotidiennes. En caleçon, j’ai déambulé pendant quoi … 20 minutes ? Avant de m’ennuyer sec. Il m’a fallu luter pendant de longues minutes contre moi-même. Je n’ai jamais supporté l’ennui, encore moins la solitude, alors m’ennuyer tout seul, impossible ! Toujours est-il que j’ai tenu une demi-heure avant d’échouer devant la porte de la chambre de Kenan, hésitant. Je ne devais pas le réveiller. Je le savais, mais entre ce que je sais et ce que je fais … Il y a souvent un fossé. Je me suis frotté les yeux, pour avoir l’air un peu ensommeillé, comme si je venais à peine de me réveiller, et je suis entré dans la chambre avec un air de malheureux. Sans frapper, évidemment : ça aurait voulu dire que j’attendais une autorisation, et donc qu’on pouvait me la refuser, or ce n’était pas le cas, puisque je serais tout de même entré. En entrant, j’ai dit à voix basse –ma voix, elle, était encore réellement ensommeillée- :

- Kenan, j’ai fait un cauchemar … Je peux venir avec toi ?

Je ne sais pas ce qui m’amusait le plus dans la situation : Que je fasse une tête de plus que lui, que j’aie le double de son âge, que je sois réellement en train de faire ça, ou que ce ne soit même pas la première fois ? Toujours est-il que je ne me suis pas mis à rire, gardant mon air à peu près sérieux pour rester crédible. En attendant que Kenan me réponde, je me suis mis à grelotter un peu, frigorifié à force de traîner en caleçon.

J'avais travaillé deux jours sans relâche, sans dormir. D’ailleurs, il avait beau être dans les environs de quatre heures du matin, je ne dormais toujours pas. Je n'y arrivais pas, enfin, je n'y arrivais plus. A chaque fois que je fermais les yeux, mes souvenir hantaient ma mémoire, je ne les supportait plus.
Alors je buvais des boissons énergisantes tout le temps pour rester éveiller, malgré la fatigue qui grandissait en moi. Je lisais des livres toutes les nuits, de grands auteurs, ou des livres qui n'avaient jamais étés reconnu à leur juste valeur. Des oeuvre qui dataient d'avant la guerre, très rares aujourd'hui. J'allais me lever quand on entra dans ma chambre. Jeff prétextait encore avoir fait un cauchemar, et j'aurais parier qu'il s'était frotter les yeux pour faire mine de s'être réveiller, mais sa voix m'affirmait que c'était le cas. Enfin.. Je ne pouvais jamais être sur avec lui. Le plus étonnant, c'est qu'il était bien plus âgé que moi et venait quand même me voir. Moi même, lorsque je faisais un cauchemar, j'essayais -quand j'en avais vraiment envie- de me rendormir, mais n'allais jamais le réveiller. C'est vrai que cette fois, je ne dormais pas, il avait de la chance.
Alors j pris la parole avec ma voix cassée par la fatigue.

- Encore?! ... Tu peux pas prendre un somnifère et on en parle plus... ?

C'est vrai, je n'étais pas forcément de bonne humeur quand la fatigue était sur mon dos. Parfois même, je regrettais d'avoir répondu de cette façon, c'étais le cas maintenant, mais ma fierté refusait de l'admettre. Ma main passa dans mes cheveux pour dégager mon visage de toutes ces mèches qui tombaient dans mes yeux. Je le regardait, comme à son habitude, toujours en caleçon! Aujourd'hui, je lui achèterais un pyjama, qu'il le veuille ou non.

Je le regardais un instant dans les yeux, malgré la pénombre, je le voyais très bien. Je pris la parole, après un léger soupir :

- Les somnifères, ça n'annule pas les cauchemars. C'est d'ailleurs pour ça que tu n'en prends pas, toi.

Moi, je n'en faisais pas vraiment, mais je savais bien que lui oui. Je n'allais pas lui dire que je ne supportais pas de garder les yeux fermés pendant plus de 3 heures, et que ça faisait un peu plus de 10 ans que c'était comme ça, et que ça n'était pas prêt de changer. Après mes 3 heures, je m'ennuyais, et je ressentais le besoin de venir le voir, puisqu'il ne dormait pas. En même temps, je pouvais vérifier qu'il dormirait, rien qu'un peu ? ça m'aurait fait plaisir. Même si au fond je n'y croyais pas. Il devait penser que je n'avais pas remarqué le milliard de boissons vaguement énergétiques qu'il buvait chaque jour... De toute façon, s'il n'était pas exténué, il ne m'aurait pas parlé aussi sèchement.
J'ai baissé un peu les yeux, regardant mes mains avec mon petit sourire habituel, avant de redemander :

- Alors ? Je peux, oui ou non ?

Je grelottais toujours, mais j'aurais aimé qu'il ne le remarque pas : ça aurait remis sur le tapis le sujet du pyjama. Il voulait que j'en porte un, ce qui était parfaitement HORS-DE-QUESTION. Comme je lui avait déjà dit, je ne porterais jamais de pyjama de ma vie entière.
En attendant de nouveau sa réponse, j'ai fait quelques pas à travers la chambre, avant de le regarder avec insistance. Je prenais vraiment sur moi pour ne pas lui sauter dessus avant qu'il réponde, je savais qu'il crierait si je le faisais ... Mais c'était tentant.

Il le faisait exprès, chaque soirs. Quoi que je dise, quoi que je fasse, il revenait à la charge. A la longue, j'avais compris que lui même avait comprit que je n'arrivais plus, et depuis un sacré bout de temps maintenant, à dormir correctement. C'est pourquoi il venait chaque soir, ou plutôt chaque nuits, sachant qu'il ne me réveillerait pas. Je l'ai regardé faire des aller retour dans ma chambre, après qu'il m'ait encore demandé s'il pouvait rester. A quoi bon, puisque je devais de toute façon me lever. Ma main attrapait les cadavres des canettes, contenant anciennement mes chères boissons, si utiles pour mon triste sort.

- T'as raison... Les somnifères ont certains défauts... Mais c'est pas une raison pour me rappeler que tout comme toi, je n'arrive pas à dormir.

Je pousse mon ersatz de couverture avec mes pieds pour me relever. J'empile les cannettes, range quelques feuilles et stylos avant de me redresser et le regarder.

- Je ne reste pas dans ma chambre, après, tu fais comme tu veux, toi.

J'utilise mon haut de pyjama comme sac et y place les petites cannettes vides. Mon regard se fixe dans le sien et j'essaie de lui fait comprendre qu'être habillé ne sert pas uniquement à ne pas tomber malade, ou à ne pas finir nudiste. En plus de cela, je le vois grelotter, et je n'ai nullement envie de me lancer dans un nouveau débat, long, sans intérêts particulier au sujet des pyjamas. Encore une prise de tête certaine, presque inévitable. Alors je le contourne, et jette tout l’aluminium dans le cartons abîmé qui me sert de poubelle. Je fais marche arrière, le contourne à nouveau et fais mon lit, même si je trouve ça complètement inutile, puisque je finirais un jour ou l'autre, par y retourner et donc le défaire perpétuellement.
Je jette un coup d'oeil sous mon lit, il reste encore et toujours des cadavres de mes boissons énergisantes. Ayant une flemme pas possible et une fatigue insoutenable, j'abandonne l'idée de ranger, ce n'est pas vraiment urgent. Pour changer un peu, j'ai envie de regarder un film, sur mon écran miniature dans le salon, accompagné d'une bonne tasse de thé bien chaud si il en reste et si l’eau ne m'est pas coupée, le tout accompagné d'une bonne couverture. Alors je fais un signe de la tête à Jeff' pour lui dire de venir s'il le veux. Je m'engage hors de ma chambre, en direction de la salle, pour trouver un film, potable si possible.

Je laissai échapper un léger soupir. Au lieu de rester coucher, il allait encore vaguement regarder la télé, vaguement ranger le squat où se trouve son lit, tout faire vaguement. Un des inconvénients du manque de sommeil que Monsieur essayait de combler avec ses litres de cochonneries. Mais bon, j'avais décidé que je lui ficherais la paix sur le sujet pour cette fois. Je croisais les bras en le suivant lentement.

- Je suis venu pour rester avec toi, pas pour le formidable confort de ton matelas pourri.

Malgré moi, un grand sourire moqueur se dessina sur mes lèvres. Décidément, je n'arrivais pas à avoir l'air sérieux. Je savais qu'il était fatigué et qu'à chaque fois que j'ouvrais la bouche je l'épuisais encore un peu plus, mais c'était comme toujours plus fort que moi.
Je continuais de l'observer en détail : Selon ce qu'il faisait, à cette heure, j'arrivais parfois à faire les choses qu'il avait l'intention de faire moi même et avant lui. Là, j'aurais dit qu'il allait regarder un nouveau navet, vu qu'il avait la flemme de faire quoi que ce soit, ce que je comprenais. Je le devançai donc en allant à la cuisine avant lui, lui faire un thé immonde qu'il buvait souvent -ce que je n'ai jamais compris, puisque le thé, particulièrement celui qui est fait avec l'eau de l'appart', est parfaitement imbuvable-. Je le fis chauffer, essayant qu'il n'ait rien à redire dessus pour me faire pardonner de l'avoir obligé à se lever. Je savais bien que c'était ma faute, et que sans moi il serait resté dans son lit, et que même s'il n'avait pas dormi il se serait au moins reposé un peu plus. Mais bon, ce qui était fait était fait.
Après lui avoir posé son thé sur la table, je me laissai tomber sur le canapé avant de reprendre ma couverture restée là et de m'enrouler dedans, en baillant.

- On regarde quoi ?

Je n'aimais pas trop regarder la télé, mais bon, ça me distrayait un minimum, et puis comme ça je n'étais pas tout seul , et je préférais. Je suivis Kenan du regard en attendant qu'il se pose et qu'il choisisse le film qu'il voulait. C'était toujours lui qui le choisissait, parce que je n'avais pas d'avis sur la question et qu'à la base, l'appart lui appartenait à lui tout seul, et même si je m'étais incrusté, il pouvait au moins choisir ce qu'il regardait. Question de principe, même pour moi.

Spoiler:

Je fouillais dans le placard pour retrouver le disque dur sur lequel se trouvaient une centaines de films, tous datant d'avant la guerre, c'est à dire, des films très très très anciens. Le cinéma de nos jours n'est plus du tout le même, c'est à peine s'il existe. Alors je comprend tout à fait que les anciens films n’intéressent que peu de monde. Je trouve un premier disque dur, ce n'est pas le bon. Celui -ci n'a jamais fonctionné, et je ne sais pour quelle raison, je ne l'ai jamais jeté. Peut-être aurais-je besoin de certaines pièces un jour.. Bref. J'entame mes recherches dans un quatrième cartons et tombe sur de vieilles photos que je ne souhaite pas regarder, je passe au cinquième.
Il fut un temps ou ma maison était rangée, quand Narae passait régulièrement ici. Depuis, je ne trouve plus le courage pour, il en va de même pour le ménage. Et si Jeff' n'est pas satisfait, il n'a qu'a faire le ménage ainsi que le rangement. Je suis trop épuisé en ce moment. Je finis enfin par le trouver, je le sors du carton et vais le brancher à la télévision. Sans doute à cause de la poussière, je me mets à tousser sans réussir à m'arrêter pendant trente secondes au moins. Mes mains passent sur mon visage, je frotte mes yeux. Mes yeux humides me montrent une réalité floue, je suis légèrement désorienté, je hais la fatigue.
Jeff' entre dans la pièce, pose le thé sur la table. Je savais qu'il irait m'en faire, en se disant que j'en voudrais, et que j'étais prévisible. Peut importe ce qu'il pensait, moi, j'avais réussi à l'obtenir sans me fatiguer d'avantage.
Il me fixe, ça m’énerve. Quand je dis que la fatigue me rend de mauvais poil, je ne pèse pas mes mots. Il rajoute par dessus le tout, une question complètement stupide d'après moi. Je n'ai aucune idée de ce que je vais, enfin, de ce que nous allons regarder, je ne connais pas vraiment les anciens films, n'ayant que rarement le temps de les visionner, d'ou la poussière sur le disque dur. Bref, je ne dis rien et fais comme si je n'avais pas entendu.

- Allume la télé.

C'est sur, un "s'il te plait" ne m'aurait pas tué, mais je n'étais vraiment pas d'humeur à faire de la politesse. C'est vrai, cela faisait encore partit des choses que je regrettais.
Je l'ai rejoins dans le canapé et me suis installé avant de remarquer que j'avais oublié ma couverture. Une expression de "blasé" a envahie mon visage. Je regarde l'écran de la télé, ma main se colle à ma bouche et je tousse de nouveau.

Spoiler:

Un petit sourire extrêmement faux a envahi mon visage, et mon âme elle-même je crois. Il devait le voir, du moins je n'ai même pas essayé de le cacher. J'avais l'impression que ma figure clignotait tellement mes gestes sonnaient faux. Une fois de plus, il me laissait parler tout seul. Je savais qu'il était fatigué, mais ça me vexait de ne rien pouvoir faire, et que ses réactions soient comme ça. Je me suis levé, lui ai sourit une fois de plus. C'était toujours aussi faux, mais cela dit, ça se voyait moins.

- Bien sur, une seconde.

J'ai été enfiler un jean sombre, ample et confortable, avant d'allumer la télé en passant devant à nouveau. J'ai rapidement mis ma couverture sur lui, sans le regarder dans les yeux, puisque je voyais bien que ça l'énervait. Je me préparais encore une bonne petite journée. En m'éloignant du canapé, j'ai haussé les épaules, presque imperceptiblement, pour moi même, en me disant "Bon, c'est pas grave.". Une fois de plus, une fois de moins, ça ne changeait pas grand chose. Il en fallait bien plus pour me frustrer, ce n'était pas pour ça que j'allais m'en aller, ni rien, pas mon style.
J'ai plutôt été vers la cuisine, histoire de préparer quelque chose qui peut être le remettrait de bonne humeur, ou au pire, qu'il mangerait quand même. J'ai toujours été doué en cuisine, un des rares trucs que je fais bien. Avant de m'y mettre, je me suis servi un grand café serré. La différence entre Kenan et moi, c'était un peu ça : Moi, je buvais du café, et pas ces produits chimiques bon marchés. J'avoue, il faut ajouter à ça le fait que moi j'arrive au moins à dormir 3 heures, ce que je ne suis pas sur qu'il fasse, que mon corps est mieux habitué parce que je suis plus vieux, et que je ne m'autorise jamais à être de mauvaise humeur.
Il restait dans le four quelques cookies fais la veille, que j'avais remis à chauffer et qui étaient délicieux, j'ai donc décidé de commencer par lui donner ça. Et comme j'avais la flemme de me déplacer, je lui ai lancé. Avant de m'en apercevoir et de lâcher un juron discret, le cookie s'était perdu dans la couverture, j'ai donc été le chercher en lâchant un soupir agacé contre moi même, parce que je m'étais promis de ne rien lancer et de ne pas l'énerver plus, mais que je ne pouvais pas me retenir. J'ai croqué dans le cookie volant et lui en ai donné un autre en main propre, en lui souriant rapidement, avant de retourner en cuisine.
C'était une de ces journées où je ne fais rien de bien qui commençait.

Spoiler:

Je le sais. Je l'ai vexé, ça ce voit, je m'en veux. J'essai de lui dire que je suis désolé mais rien ne sort, je le ferais plus tard. Mes yeux fixent l'écran quand la couverture de Jeff' vient se poser sur mes épaules. Je suis d'abord surpris, et je finis par me dire que je suis vraiment un enfoiré. Je n’arrête pas en ce moment de le traiter presque comme un chien, alors que lui reste toujours gentil avec moi. Je haïs cette culpabilité.
Bien qu'il m'ait dit qu'il allumerait la télévision, ce qu'il a cru faire, elle était plutôt capricieuse et ne s'allumait que rarement à la première tentative. Lui, il ne le savait pas, c'était toujours moi qui l'allumait. Je l'ai regardé partir dans la cuisine, je ne sais pour quelle raison. J'ai attendu un peu, cherchant la télécommande du regard. A environ trente centimètres de moi, sur la table. Je me suis basculé en avant et l'ai attrapé avant de me replongé dans le canapé. mon pouce a appuyé quatre fois avant que l'écran ne veuille enfin s'allumer. C'est vrai, les piles de la télécommande sont elles aussi, relativement vielles, ce qui m'a étonné. D'habitude, j'atteins facilement les dix tentatives.
Je commence à regarder une liste de films sur laquelle je reconnais deux ou trois titres seulement.
D'un coup, et sans comprendre, je reçois un cookie, il se heurte sur la couverture et disparaît de ma vue. Je le cherche du regard, rien. Et je le regarde, à la porte de la cuisine. Il à l'ai de s'en vouloir. Je l'observe tandis qu'il s'approche de moi, retrouve le cookie et l'enfourne dans sa bouche. Sans m'en rendre compte, j'avais précédemment lâche la télécommande, et je récupérais avec ma main libre, un cookie qu'il me tendait en souriant. Il est retourné dans la cuisine. Quant à moi, je suis resté enroulé dans la couvertures quelques minutes, croquant dans le cookie. Il était bon, comme d'habitude. Jeff' était très doué en cuisine, ce qui me manquait, je dois l'avouer. Je n'avais jamais rien manger, avant sa cuisine, qui ai été aussi que ce que je mangeais quand j'étais enfant.
Même s'il n'était plus la, et avec la petite voix qui sortais de ma bouche, je laissais échapper un petit mot.

- Merci...

Je me suis remis à tousser, plus sèchement, j'avais l'impression d'avoir la gorge en feu. A vrai dire, cette fois ci, j'ai tellement toussé que j'en ai recraché du sang, au creux de ma main. Comme je ne souhaite pas qu'il s'inquiète, je pousse la couverture avec ma main "propre" et me lève difficilement. Mes pieds traînent sur le sol, je peine à marcher. J'arrive dans la cuisine sans un bruit et le regarde. J'ai le poing serré, au cas ou. Ma vision se trouble encore un peu, je ne distingue plus que des silhouettes, c'est pénibles. Je fais un pas, et au deuxième, je perd toute sensations dans mes jambes. Je me sens tomber, sans rien pouvoir faire. Quoi de mieux pour faire ce que je voulais éviter de faire? Maintenant, je suis sur qu'il va être inquiet.

Spoiler:

Le temps que je me retourne pour savoir ce qu'il voulait, il tombait. Par réflexe, j'ai mis mon bras pour le retenir un minimum, ce qui n'a pas servi à grand chose, au plus à amortir sa chute. Comme d'habitude, il faisait semblant d'aller bien, de juste être de mauvaise humeur et fatigué, et en fait il était malade et souffrait. J'ai laissé échapper un soupir.

- T'es con.

Je l'ai porté jusqu'au canapé, ce qui n'était pas dur puisqu'il pesait aussi lourd qu'une brindille. Je lui ai remis la couverture sur lui avant de me diriger vers la pharmacie, de l'ouvrir et de regarder les médicaments qu'elle contenait. Et évidemment, je n'avais aucune idée sur celui qu'il lui fallait. J'ai pris un sirop pour la toux, déjà, en attendant, avec des pastilles pour la gorge. De toute façon, il n'avait plus le choix, il irait chez le médecin, même si je devais le tirer de force, ce qui n'était pas si dur puisqu'il était malade à crever et que j'avais plus de force que lui.
Après lui avoir servi un verre d'eau et avoir posé les médicaments sur la table, je me suis assis sur un fauteuil en le regardant, les sourcils froncés, décidé à ne pas sourire et à lui passer un savon. Des fois, il dépassait les bornes au sujet de sa santé, et ça ne me plaisait pas du tout. Quand on est fragile, on fait attention.

- Tu abuses, Kenan.

Tant pis, ce serait ça, le sermon. Je n'avais pas envie qu'il aille encore plus mal à cause de moi, je m'en serais voulu. Je lui ai rallumé la télé, en m'y reprenant à plusieurs fois, chose que je n'avais jamais remarqué avant.

- Tu veux quelque chose d'autre à manger ? Tu te reposes un peu et après on ira chez le médecin.

Même si j'avais encore un résidu de sourire sur le visage, mon ton ne laissait aucune place à la discussion.

Spoiler:

Ma tête tournais, ma gorge me brûlais, et une terrible douleur survenait dans mon ventre. Je repensais alors à ce petit bout de papier. Je ne savais d'ailleurs pas ce que j'en avais fait, ni ou il était.
Il était trop tard pour tenter de faire croire que j'avais trébuché, et quand bien même je l'aurais dis, il n'y avait rien sur le sol qui aurait pu me faire tomber. Je me faisais pitié, Jeff' me ramassait par terre, incapable de me relever par moi même. En plus, pour m'enfoncé encore un peu plus, il me traita de "con", et il n'avait pas tord, c'est sans doute ce qui m'a fait toucher le fond. Après m'avoir installé sur le canapé, je l'ai vu partir , il devait certainement allait-il chercher des médicaments, mais il ne le savait pas. Rien ne pouvait en venir à bout, le mal me consumait de l’intérieur. Même avec tout les efforts du monde, rien ne pourrait réellement m'aider.
Cela dit, son geste, son attitude, son aide, rien ne pouvait me faire plus plaisir, mais également me rendre plus triste. Il se battait sans le savoir pour une cause perdue, pour moi.
Et maintenant, il veut m'emmener chez le médecin, pourquoi faire? Je commence à me demander si je ne devrais pas lui dire, il a le droit de connaitre la vérité. Mais plus j'y pense, plus cela me parait stupide. Tout le monde meurt un jour. Que ce soit demain, dans un moi ou dans plusieurs années, on finit tous par disparaître, alors à quoi bon en parler?
Je me met à rire, sans vraiment savoir pourquoi.. Il m'a proposé quelque chose d'autre à manger, mais quoi? Il n'y rien dans les quelques placards, si ce n'est de la poussière ou des araignées. Peut-être un résidu de miettes, une ou deux mouches, point.

- J'ai pas faim... -La seule solution envisageable d'après moi- et je ne veux pas aller chez le médecin... Pas encore.

Si ya pas de cohérence, tampis! La flemme de tout relire ~

Nouveau soupir. Parfois, malgré son intelligence, il se montrait immature.

- Je jure sur ta tête que tu iras.

Je me suis laissé tomber lourdement au sol, pour finir vaguement assis. Je commençais à être un peu fatigué de me battre tout seul contre son désespoir et son indifférence.

- J'aimerais bien que tu prennes tout ça un peu plus au sérieux. Tu ne vas pas bien, il faut que tu te soignes ...

Je me suis finalement relevé, conscient que ce que je lui disais rentrait par une oreille et sortait par l’autre. J’ai été jusqu’à la cuisine, en faisant semblant d’avoir quelque chose de bien précis à y faire. En réalité, je n’arrive pas à rester en place quand je suis nerveux, et je voulais éviter qu’il le remarque. Il était possible qu’il ait déjà remarqué cette habitude, mais j’espérais que ce n’était pas le cas. J’ai ouvert quelques placards, même si je me doutais bien qu’il n’y aurait rien, c’était aussi pour faire un peu de bruit, comme si je faisais vraiment quelque chose, à part bouger pour que Kenan ne voit pas que je m’inquiétais. Mais comme je m’y attendais, rien, ce qui me fit sourire. Je suis retourné dans le salon, me suis accroupi près du canapé avant de passer mon bras en dessous, pour ressortir une boîte de cookies neuve, achetée dans l’après midi « en cas de besoin ». Je l’ai ouvert et en ai fourré un dans la bouche de Kenan, sans lui laisser le choix : Tant pis s’il s’étouffait, au moins il ne mourrait pas de faim. J’en ai pris un aussi pour moi, le seul que j’avais l’intention de manger car j’avais prévu de lui faire manger tout le reste de la boîte, qu’il le veuille ou non. En mangeant mon cookie, j’ai regardé le plafond avec un sourire moqueur, avant de déclarer :

- Puisque j’ai pas forcément envie qu’on nous retrouve tous les deux morts de faim ici un de ces jours, à partir de maintenant je vais m’occuper des courses.

Spoiler:

Il veut s'occuper des courses? Bien, si ça lui plait. Mais avec quel argent? Il semblait oublier que si je ne me nourrissais pas, c'était pour une bonne raison, et pas par plaisir. Peut-être que je donnais mon argent aux plus nécessiteux, peut-être que si je le voulais, j'aurais de quoi manger, mais alors, je pénaliserais d'autre personne, et ça, je ne veux pas. Le cookie dans ma bouche restait immobile, je n'avais ni la force, ni l'envie de le broyer. Je regarde autour de moi, une seule petite chose pour distraire son attention, mais je ne trouve rien, si ce n'est une petite -grosse- araignée qui s'approche de son pied. Une araignée? Comme si ça pouvait m'aider. Au point ou j'en était, tout était bon à prendre.

- Jèèèch, ya ue araignée à ta pied.

Foutu cookie. Je suis même plus capable de parler correctement avec ce gâteau dans la bouche. C'est pourquoi, je le recrache discrètement, sans qu'il ne le remarque. Je le récupère et le jette à coté du canapé. Voila que je me mettais à gâcher de la nourriture, c'est une première. En tout cas, il ne l'a, ou ne semble pas l'avoir vue. Tant mieux. Je pousse encore une mèche de cheveux qui me tombe sur les yeux et m’empêche de voir correctement. Après quoi, je le regarde. Je le fixe sans bouger, sans bruits. S'il voit le cookie, je suis mort. Je garde un air innocent tout de même, et sourit légèrement.

C'est trop court? Tampis, au moins j'ai répondue xD

Il n'a pas répondu pour les courses. J'ai une sublime impression de parler tout seul, et ce quoi que je fasse. Reproches, tentatives d'humour, phrases bateau, et j'en passe ... Il ne répondait jamais. Soit il restait dans ses pensées, soit il disait avec un air absent quelque chose qui n'avait absolument rien à voir. J'ai donc remis à plus tard toute idée de discussion, quand il serait reposé ou d'humeur. Et tout ça en continuant à sourire comme un imbécile -encore la faute de ce toc pourri-.
Finalement, après une remarque sur une araignée, il me regarde. Avec un air innocent et en souriant. Il se fout de moi ? Je sais pertinemment qu'il a fait quelque chose qui ne me plaira pas, même si je ne sais pas encore ce que c'est. J'abandonne l'idée de le lui dire, à quoi ça servirait ? Il me répondrait qu'il y a des papillons dehors, ou que le ciel est bleu, avec un peu de chance il commenterait le temps qu'il fait. Je perds mon sourire une demi seconde, en espérant qu'il ne l'aie pas remarqué. J'ai l'impression qu'il ne veut pas me vexer, alors il ne me dit rien, quel que soit le sujet. Finalement, peut être que je le dérange.
Par envie de me rendre utile, je le regarde et demande :

- Qu'est ce que je peux faire pour toi, Kenan ?

Je ne suis plus sur qu'il me répondra. Je suis de nouveau nerveux, mais je ne peux pas refaire comme si j'avais quelque chose à faire. Je regarde son thé, qu'il n'a pas touché et qui ne fume plus, et les médicaments qu'il n'a pas pris non plus, sans m'en parler, juste comme si j'étais transparent. J'ai repris son thé et l'ai remis à chauffer, avant de lui rendre.
En passant, j'ai vu le cookie qu'il avait recraché et qu'un rat qui occupait la maison et que j'étais en train d'apprivoiser avait déjà commencé à manger. Je m'en voulais de l'avoir forcé à le manger, encore une erreur de ma part, qu'il ne me reprochait pas parce qu'il était gentil.

Spoiler:

J'ai beau y réfléchir, je ne sais pas comment il fait pour me supporter. J'ai déjà du mal à vivre avec moi même.. En plus de ça, j'ai ce sourire, presque permanent et faux. Je ne supporte pas ça. Il le sait que je mens sans cesse, il doit me détester, je me détesterais. Au final, il est bien plus a plaindre que moi.. Enfin bon... Voila qu'il me demande ce qu'il peut faire pour moi. J'ai envie de lui répondre : Rien pauvre con, t'es la c'est le principale. Mais je pense pas que ça soit.. Approprié à la situation. Alors je me taie, laisse échapper un soupir -car je me désespère- puis je réalise qu'il ne peux le prendre que contre lui. Je suis tellement stupide qu'en m'en rendant compte, je soupire à nouveaux. Deux baffes. Que quelqu'un me foute deux baffes!
Je le regarde prendre mon thé et filer dans la cuisine. Il revient un peu après, pas longtemps avec mon thé à nouveau chaud. Je le fixe du regard, la fumée s'échappe tout naturellement de la tasse. Mais pourquoi je n'arrive pas à m'exprimer? Qu'est ce qui me retiens... Il repose la tasse de thé, je lui fais signe de s'asseoir. Je me décale un peu pour lui faire un peu plus de place, et j'attend. Comment pourrais-je lui dire qu'il m'est indispensable sans pou autant passer pour une brèle? Je réfléchie mais rien ne ma viens, mon regard va de droite à gauche, je regarde un peu partout, j'essaie de me réfugié encore. Mais pourquoi?! J'inspire profondément et fixe mon regard dans le siens. Ça, c'est fait. Maintenant, je dois articuler des syllabes pour en faire des mots, ça doit pas être si compliqué... Mais je suis comme bloqué, rien ne veut sortir. J'ai beau le regarder et être prêt, mon coeur se fou de moi encore et encore. Je crois que...

- Jeff' ...

Ma main tremble un peu. je pousse quelques cheveux de mon visage. Mes yeux ne quittent plus les siens. Je déteste ce genre de situation maintenant... Par pitié, il faut que je me sorte de la ou que je dise quelque chose, mais quelque chose qui ai du sens.. Ou alors... Une action? Aller, je suis sur que je peux trouver...

Et re un truc court... Mais on avait dit Autour de 15 lignes, pas 36000 u.u

Deux soupirs. Il est déjà mal, et moi, avec mes questions stupides, mon espèce d'hyperactivité insupportable, je le fatigue encore plus. Je devrais juste me taire, m'asseoir par terre et ne rien faire peut être ? Faute de m'asseoir par terre, je m'assois à côté de lui. Au début, malgré mon sourire, je trépigne, je m'impatiente, ce qui se passe quand je ne fais rien de particulier. Au bout d'un moment, je m'aperçois qu'il me regarde. Mon sourire se fait un peu plus vrai, j'arrête de piétiner et j'arrive à me calmer, presque me détendre un instant. J'ai envie de lui demander ce qu'il veut, ce qui le ferait aller mieux, ce que je peux faire, mais je me retiens. J'ai l'impression qu'à chaque fois que j'ouvre la bouche, il a envie de me frapper. Alors je me tais, j'ai l'impression qu'il va m'annoncer quelque chose de grave, mais je soutiens son regard, avec le sourire. Malgré tout, il a l'air de vraiment me regarder, et ça me fait plaisir, je ne demande pas plus. En le voyant pousser ses cheveux, j’ai envie d’aller lui chercher une barrette, mais je me retiens avec un petit sourire. Je sais que je suis impossible à vivre, à bouger tout le temps, mais j’essaie de m’arrêter pour lui.
Finalement, je le regarde avec un air interrogateur, en attendant qu’il continue, s’il a l’intention de continuer.

Spoiler:

Il a remarqué que je le regardais. Cela me déstabilise encore un peu plus. Ma main toujours tremblante s'appuie sur l'accoudoir de mon ersatz de canapé et m'aide à me soulever. Si je n'avais pas bougé, je n'aurais pas pu m'en empêcher. J'aurais fais une grosse connerie irréparable.
Mes jambes peinent à me garder debout mais je reste figé ainsi un instant tout de même, avant de prendre une grande inspiration.

- Jeff', dis moi la vérité. Tu en as marre..?

Je sais que même s'il en avait marre il ne me le dirait pas, comme d'habitude. C'est pourquoi, pour une fois, j'aimerais clarifier les choses une fois pour toute. S'il ne me supporte plus, qu'il le dise. Sinon, je veux savoir pourquoi est ce qu'il est encore la pour moi, alors que je ne le traite pas à sa juste valeur. Pourquoi est ce qu'il se donne tant de mal pour m'aider moi. J'arrive à me poser tant de questions que j'en oublis ma fatigue et mes douleurs.

- Ne me ment pas.. Pourquoi est ce que tu es encore la pour moi? ...

J'aurais enfin une réponse, enfin s'il accepte de répondre. Ça commence à faire longtemps que je me pose cette question. Et je veux ma réponse. Alors s'il détourne le sujet, j'y reviendrais.

Je suis gentille, je fais encore plus court que toi pour que tu te sente moins coupable :3 -ou aussi par flemme de faire plus, enfin surtout par flemme quoi xD-

Je le regarde. Un peu surpris. Après toutes ses remarques sur la pluie, le beau temps et les insectes, voilà qu’il me parle, et pour de vrai … Et pas la plus simple des questions. Je connais la réponse. C’est si simple, évident. Mais pas à dire. Pas à formuler. Pendant un instant, mon regard se perd dans le vide, mon éternel sourire sur les lèvres. Je dois avoir l’air très con. Il doit croire que j’hésite, que j’ai besoin de réfléchir pour lui répondre, alors que c’est faux. Finalement, je décide de la façon de lui dire, celle qui me parait la plus courte.

– J’ai besoin de toi, c’est tout. Je suis juste parfaitement égoïste.

Je laisse échapper un léger rire. C’était la seule façon de le dire, et maintenant je me sens incroyablement stupide. Qu’est ce que je fais ? Son thé est chaud, je peux rien faire pour l’aider… Je me lève, histoire de marcher un peu, juste quelques pas, sans quitter la pièce. S’il veut toujours me parler, je lui répondrais, ce n’est pas mon genre de me défiler.

Flemme aussi ><

Par simple égoïsme? J'y crois pas. Il ment comme il respire, j'en mettrais ma main à couper. Enfin, ce que je veux dire, c'est que je suis persuadé qu'il y a une autre raison. Ça ne peut pas être la seule. Il y a forcément autre chose. En plus il rit, c'est amusant comme réponse? ... Je ne trouve pas ça drôle du tout et je tire une tronche pas possible. Je dois avouer que j'aurais préféré une autre réponse, une réponse ou en plus, il ne se descendrait pas. Toujours à se rabaisser... Bref, quoi qu'il en soit, je m'appui à deux main sur l’accoudoir et le fixe toujours.

- Jeff', je veux que tu sois sincère, pas que tu me sorte un truc comme ça en rigolant.

Je parle sur un ton sec, froid, je déteste ça. Mes jambes faiblissent mais je ne veux en aucun cas le lui montrer alors l'appui de tout mon poids sur l'accoudoir se fait ressentir. Heureusement pour moi, il ne casse pas, du moins, pas encore. Il se déforme un peu mais cela ne se remarque pas. Enfin, bien qu'il soit horrible d'apparence, ce canapé tient plutôt la route. Pourtant, au premier regard, on en penserait le contraire. Je veux absolument ma réponse, et je ne compte pas lâcher l'affaire. Une réponse sincère, même si elle doit être blessante, peut importe. Alors j'attend, toujours mon regard fixé dans le siens, sans même cligner des yeux pour être sur qu'il ne s'échappe.

Mes sourcils se froncent. Et comme je souris toujours, le résultat est étrange. Qu’est ce qu’il croit ? Que parce que je ris, je me fous de lui ? Il a complètement oublié qui je suis, s’il pense ça. Il n’y a rien de plus, j’ai besoin de lui pour continuer à sourire, à marcher, à respirer. Avant lui, je ne savais plus vraiment comment faire tout ça. Mais s’il ne me croit pas, je n’y peux rien : il n’y a pas d’autre façon plus claire de l’expliquer.

– Tu m’as percé à jour. En vérité, je reste ici parce que la bouffe est géniale et que j’aime beaucoup la couleur de ce canapé.

Voilà, je n’ai pas trouvé de réponse plus conne. Au moins, elle est à la hauteur de sa question. Je sais qu’il va encore s’énerver, me parler comme un chien, mais bon, je suis habitué, et je pense qu’il n’en fait pas exprès. Il ne doit pas aimer que je rie de quelque chose qui lui tient à cœur, rien de plus.
Je continue de soutenir son regard sans problèmes, après avoir bougé un peu juste pour voir s’il me fixait particulièrement, je me rassois. Allez, un effort, ne pas bouger, il sera peut être moins en colère contre moi. Si je pouvais, j’arrêterais de sourire aussi pour lui montrer que je ne me fous pas de lui, mais je n’y arrive pas, alors il devra se contenter de ce que je peux faire.

Bon... Il semblerait que le réponse à laquelle je tenais tant ne viendra pas. Encore un truc que je peux me foutre dans le cul. Voila, je me suis énervé, mais je ne cris pas. Je suis juste de très mauvaise humeur. Je décolle mes mains incrustées dans le canapé et me recule de deux pas.

- Très bien. Comme tu voudras.

J’effectue une petite rotation sur moi même, vais dans la cuisine et avale trois comprimés avec un verre d'eau, datant de je ne sais quand. Une fois les anti-douleurs avalés discrètement, je retourne dans la salle, légèrement en zigzagant. Je le regarde une nouvelle. Son sourire me fait rager, j'ai juste l'impression que dans ce genre de situation, il se fou royalement de ma gueule, et ça l'amuse. Je marche jusqu'à l'entrée, prend ma veste accrochée au porte manteau et me tourne vers lui. Je met la première manche, la deuxième avant de prononcer:

- Moi, je l'aime bien ce canapé.

J'ouvre la porte, fais un pas dehors, claque la porte super fort et commence à marcher dans la rue. Il m’énerve, il m’énerve, il m’énerve. Je marche tant bien que mal, ça me décompresse. Je supporte pas l'ironie.

Je lâche un énorme soupir. Je suis peut être –sûrement- insupportable, j’avoue. Mais MOI, je ne fuis pas. Je trouve ça lâche et stupide, même si Kenan n’est pas lâche et stupide. Alors je met un jean vite fait, une chemise blanche que je ferme pas et des baskets et je sors . Je peux pas le laisser partir comme ça, alors que tout est de ma faute, et que si j’arrivais à être un peu sérieux, il se sentirait sans doute beaucoup mieux, ou il resterait au moins chez lui. J’accélère un peu le pas, et j’arrive à sa hauteur, sans trop de difficulté ; c’est un miracle s’il tient sur ses jambes. Je l’arrête, en mettant ma main sur son épaule, et je le fixe sans sourire pendant presqu’une minute. Un record.
- Si je reste avec toi, c’est parce que j’ai besoin de toi pour me sentir en vie et à ma place. T’es mon meilleur ami et je partirais que si tu me tue, y’a rien à ajouter.
Enfin … S’il me tue ou s’il me demande de partir, mais dans ce cas, on peut dire que c’est moi qui me tue, alors bon, l’un dans l’autre… Enfin bref. J’espère qu’il sera satisfait cette fois, parce que sinon je vais vraiment perdre patience, et pourtant, ça arrive rarement. Alors j’attend sa réaction, sans savoir à quoi m’attendre, mais je peux pas faire mieux.

Evidemment, il fallait qu'il me rattrape. Surement une des journée ou je suis le plus énervé. Il pose sa main sur mon épaule, je sais que c'est lui sans même le regarder. Alors je me stop et me tourne très très très lentement vers lui. Je lève les yeux pour le regarder, ses dix centimètres de plus que moi m'énerve d'avantage. Je me sens petit, c'est chiant. C'est la qu'il se met à parler. Il répond enfin à ma question, mais le terme qu'il utilise pour me qualifier me blesse, je ne sais pourquoi.

- Meilleur ami.. Hein.

En y repensant, des amis, je n'en ai pas vraiment, de la famille, je n'en ai plus. Alors oui, il est tout ce que j'ai. Mon meilleur ami donc. Une fois encore, je vire mes cheveux de mes yeux, et je finis par ranger mes mains au fond de mes poches, car ceux-ci commençaient à geler. Je le regarde puis soupir.

- Tu ne comprend vraiment rien. La discution est close, on passe à autre chose, merci et à bientôt.

Je me remet à marcher, vexé pour je ne sais quelle raison. Il va s'énerver, même si c'est rare, c'est ma faute, parce que je suis absolument insupportable, et le pire, c'est que je m'en rend compte.

………………………………………………………………………………………. Soir ……………………………………………………………………………………….

Je suis sur le canapé. Allongé, les mains derrière la tête, en jean, ma chemise et mes baskets traînent par terre. J’ai passé la journée comme ça. Quand je vais pas bien, je suis pire qu’une loque. Je sers à rien, je reste sans bouger, je me coupe de partout, juste parce que … Je sais même pas pourquoi en fait. Ça m’aide sûrement. Et ce putain de sourire qui ne part pas alors que j’ai pas du tout envie de sourire, comme la plupart du temps. Je comprends pourquoi Kenan m’envoie chier, j’ai hâte de devenir assez taré pour pouvoir m’envoyer chier tout seul, ça me fera du bien. Je suis un poids pour lui, je m’en rends compte, et il me le fait comprendre.

- Un sacré con. Je suis un sacré con.

Je soupire avant de me mettre à rire. Rendu fou par … La culpabilité, l’enfermement ? Sûrement plus la culpabilité. Je peux pas être sur qu’il aille bien, si je suis pas avec lui ; j’aurais du y aller. Saleté de fierté mal placée.
Avec ma bague droite, je m’ouvre le bras gauche, ce qui fait une espèce de lame difforme parce que j’ai pas été assez vite. J’en ai sur tout le corps maintenant, sur le torse, dans le cou, sur les deux bras … Faudrait que je me les enlève à l’acide avant que Kenan revienne. Je sais pas s’il m’a déjà vu comme ça, ça m’étonnerait, j’essaie de rester en bon état quand il est là.

Super journée passée dehors à traîner, à aider trois clochards, et à regarder le temps passer. Il est vingt et une heure maintenant, je suis partit vers cinq heure si mes souvenirs sont bons, je devrais peut être rentrer. Sur toute la route du retour, je traîne des pieds et hésite. Si je rentre maintenant, je vais faire quoi? Et qu'est ce que je pourrait lui dire? Alors que si je restais dehors, je pourrais marcher jusqu'au parc du district un. Aller faire un tour en forêt par exemple, mais je n'en fais rien. Ma tête s'est vidée, mes jambes ont récupérées un peu leur force, je crois que le fait de sortir, serte, en pyjama avec juste une veste toute une journée, m'a remonté le moral. J'en avait vraiment marre de rester enfermé chez moi. Et puis, même s'il gèle, le soleil est la, ça remonte un peu le moral.
En rentrant, je passe devant une pharmacie, j'y entre, achète quelque compléments nutritif et reprend ma route.
Je suis à présent devant chez moi, prêts à ouvrir la porte. J'empoigne la clenche et ouvre la porte silencieusement. Je dépose délicatement le sac contenant mes trois boites de compléments alimentaires et retire ma veste. J'effectue une petite rotation sur moi même en soufflant sur mes doigts pour les réchauffer puis m'avance vers l’intérieur de la maison. C'est la que je le vois, sur le canapé, tailladé de partout. Je recule d'un pas surpris, d'un deuxième; paniqué, ce qui me vaut une petite rencontre avec l'angle du mur.

- Nh.. Jeff?!

Je passe ma main sur le derrière de ma tête puis je me précipite vers lui.

- Mais qu'est ce que tu as foutu ?!

Merde. Je suis dans la merde. Je pensais pas qu’il rentrerait si tôt. Pour être franc, j’avais même pas pensé qu’il rentrerait. J’aurais été capable de rester très longtemps comme ça, à regarder le temps passer ; quand je vais mal, je ne suis pas vraiment le même. Pas hyperactif, pas super aimable, pas très souriant –juste un peu- … J’ai juste l’air d’être présent. Malgré tout, sa voix me fait un peu revenir à moi. Je me redresse, en m’appuyant sur mon coude, ce qui est une très mauvaise idée puisque les espèces de lames qui recouvrent ma peau me rentrent à moitié dans le bras, ce qui me fait saigner plus, bref, un cercle vicieux. Je finis par abandonner et me laisser retomber comme une masse. Il faut vraiment que je me les enlève. Cette fois j’ai été un peu trop loin, je le sais, mais je ne réfléchis pas vraiment en le faisant, je le fais seulement. Et encore, même en allant trop loin, j’ai déjà fait pire. Avant de le rencontrer, pendant la période que j’ai passé seul dans le noir, je n’avais même plus l’air humain, alors là, ça va encore. Je tourne la tête pour ne pas voir ses yeux, je ne supporterais pas ça. Je n’ai plus que le tissu vaguement bleu et limé du canapé à regarder, mais tant que je ne vois pas à quel point je le dégoûte, ça me va. Finalement, je finis par lui parler, parce que je peux pas m’en empêcher, même si je vais mal, je n’arrive pas à être rancunier avec lui. Mais quand même, ma voix est très différente de d’habitude.

- T’as passé une bonne journée … ? Tu t’es même pas habillé…

» Kenan MacAlister ~
» Un hasard et un bon sens de l'orientation ~ [PV Kenan MacAlister]
» Moi qui pensais que cette journée serait comme les autres... [PV. Kenan]

Parasite nocturne [PV Kenan]

Parasite nocturne [PV Kenan]

Sujets similaires

Sujets similaires

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée