En vérité ? Comment je suis ? Je suis tout et je ne suis rien. J’ai des millions et un seul caractère. Vous ne comprenez pas ? Pour faire simple je m’adapte à la personne qui est en face de moi. Enfin…. Je fais ça lorsque j’ai besoin d’un renseignement, d’une invitation ou de quoi que ce soit d’autre. Pour me décrire en deux mots : je m’adapte. J’ai tellement changé de comportements au fils de mes rencontres que je ne sais plus vraiment… Cependant, pour le boulot j’ai l’habitude d’être calme, oui plutôt calme. Et réservé, méticuleux, plutôt effacé. Par contre, contre toute attente, je suis très attentif aux règles que l’on me fixe et je les respecte à la lettre. Enfin, en journée seulement. Par contre, si je n’ai pas ma dose d’adrénaline quotidienne j’ai tendance à devenir désagréable voir violent. C’est certes rare mais ça m’arrive. Très méfiant, j’ai l’habitude de travailler en solo et n’aime pas aller vers les autres en dehors du cadre du travail. Je suis donc assez froid : je n’aime pas que l’on m’interrompe surtout lorsque c’est par une personne que je ne juge pas digne d’intérêt pour mon esprit calculateur. Sinon le reste ? Et bien il faudra aller le chercher par vous-même

Je suis un mec… ça vous devriez l’avoir vu au premier regard normalement. Bah oui, avec mon visage dont le menton est plus prononcé que chez la majorité de la gente féminine, mes pommettes un peu plus fortes et mes cheveux courts. Et puis je n’ai pas les attributs au bon endroit pour être une demoiselle. Cependant il parait que je ne suis pas mal à regarder. En même temps je fais du sport et j’entretien une musculature appréciable : suffisante mais fine. C’est plus pratique pour passer incognito dans les maisons. Et ça permet d’avoir quelques infos sur mes prochaines « victimes ». Ce qui est étonnant c’est que personne n’a pigé que c’était moi qui les détroussaient alors que je ne suis tout de même pas évident à rater avec mon tatouage sur le visage, mes cheveux blancs et mes yeux rouges. Mais je trouve que ça va bien avec ma peau pâle. Certes le tatouage descend plus bas dans le dos et fait pâlir d’envie les gens qui le regardent et attire bien plus l’attention que je ne le voudrais mais bon. Ça me permet d’accoster les gens en restant un brin mystérieux et tout et tout ce qui est bon pour les affaires : même physiquement je suis un animal de foire.

L’homme est entré dans la salle. Sa blouse blanche me montre que c’est un psychiatre. La profession marquée au-dessus de son nom aussi. Et accessoirement le fait que depuis maintenant X mois il me suit pour essayer de m’enlever mon « défaut ». Et comme toutes ses séances il commence par :

- Alors ? Aujourd’hui accepterez-vous que c’est parce que votre famille était dans le besoin que vous êtres aujourd’hui kleptomane ?

Comme à chaque fois il me regarde avec son air calme mais rieur. C’est sa dernière séance avec moi. Dernière séance obligatoire du moins. Car demain je sors de prison, j’ai purgé ma peine et cet abrutit de psy n’auras pas la satisfaction personnelle de me voir enfin accepter sa théorie. Effectivement mes parents étaient tout sauf riche et il le sait : c’est marqué dans mon dossier. Ce qu’il ne sait pas c’est que moi je ne manquais de rien. Il ne sait pas que je suis un garou, il ne sait pas que le seul moyen pour moi d’éviter de lui sauter à la gorge est d’avoir mon adrénaline quotidienne. Il devrait s’estimer heureux, mon père se droguait et ma mère buvait. Il y en a d’autres qui trouvent leur tampon dans la violence, le sexe ou que sais-je encore… Moi c’est le vol. J’aime voler, prendre ce risque de me faire prendre, obtenir ce que je désire. Et puis c’était ça ou m’en prendre à la première personne qui passe. C’est simple, il suffit que je me transforme, que je saute sur un infortuné patient et que je lui fasse la peau. Le seul truc c’est qu’après je ne peux pas m’arrêter. Alors je vole.

Bon certes là j’ai vraiment envie d’écraser ce petit homme chauve qui me regarde derrière ses lunettes avec un air compatissant, l’air de dire : « je comprends que tu ne veuilles pas en parler mais acceptes l’évidence… ». Pourtant je compte bien me tenir sage et calme : en prison il est devenu dur de ne pas se transformer et j’ai eu beau trouver toute sortes de challenges lancés par les autres détenus pour ressentir cette vitale adrénaline je sens que je vais bientôt craquer. Allez, plus que demain. Encore heureux qu’ils ne m’aient arrêté que pour ce petit vol dans un supermarché. S’ils savaient que sous leur nez ils ont l’un des plus réputé voleur de leur ville ils en feraient des têtes. S’ils savaient que c’est moi qui dans chacune de leur villa de riche signe mon rapt par un petit dessin sur le mur à côté de la liste précise de ce que je leur aie volé. On va dire que j’ai l’entrainement et que je connais plutôt bien leurs systèmes de sécurité et comme pour moi le silence est d’or… A mon sourire l’homme se penche vers moi, il cherche comme d’habitude un signe de faiblesse à travers mon visage. Cependant je le juge trop stupide pour comprendre quoi que ce soit à mes traits faciaux, il est brouillé par mon tatouage. Et il me pose cette question en me disant :

- Quand avez-vous commencé à voler ? 15 ans non ?

Il essaye de retracer mes débuts. Bien sûr j’omets – comme par hasard – que c’est depuis tout petit que j’ai découvert cette super échappatoire. Juste après avoir commencé à me transformer à vrai-dire. Heureusement que mes parents étaient là pour m’aider à cacher mes transformations très soudaines au début. C’est mon père qui m’a permis de trouver quelque chose pour les maitriser et me cacher. Lui et ma mère ont des défauts mais ils m’aiment et ne me trahirons pas. Ils m’ont même presque encouragé à vider les sacs de mes petits camarades histoire de m’entrainer. Une fois arrivé au lycée j’arrivais à piquer les affaires des profs alors qu’ils me parlaient ou encore à détrousser mes petits/petites ami(e)s et à faire accuser des collègues. Oui, je me suis même diversifié avec un peu de manipulation. Du coup j’arrive à faire pas mal de choses maintenant. Le gout du risque est comme une drogue, on en veut toujours plus. Je me suis donc spécialisé en physique afin d’étudier les différentes molécules et composantes de notre environnement. J’ai trouvé un second passe-temps, celui de l’informatique. J’ai toujours vécu en apparence comme n’importe quel humain normal. Ceux qui m’entourent désormais sont convaincus que je suis comme eux. Savent-ils que je les méprise ? Qu’ils me dégoutent avec leur petit air supérieur ? Ce n’est à vrai dire pas important et ça me poussera toujours à en apprendre plus sur ces superbes maisons qu’ils se font construire et que je peux piller en toute sécurité ou presque.
Le docteur à finit par s’en aller, je suis retourné dans ma cellule pour regarder le mur et attendre. Je sais que demain je serais libre et j’adore ça.